L’APLAMEDON est une association pluridisciplinaire administrée par des bénévoles du milieu médical, universitaire, industriel et agricole. Cette année, l’association est bénéficiaire des fonds récoltés lors du Pandathlon organisé par la Région Réunion le 16 Septembre dernier. - Rencontre avec Claude Maroson,
Docteur en Pharmacie et président de l’association.
COMMENT EST NÉE APLAMEDOM ? QUELLES SONT SES MISSIONS ?
La pharmacopée de l’outre-mer n’était pas considérée comme utile alors que 80 % de la biodiversité française se trouvent en outre-mer. Ce n’est que depuis 2013, grâce au travail collaboratif de nombreux experts, que certaines plantes locales sont inscrites à la pharmacopée française. Elles sont 22 à ce jour. Environ, 550 plantes sont potentiellement concernées (dont 26% endémiques), de quoi faire vivre la filière pour les 50 prochaines années ! Les bénévoles de l’association oeuvrent à l’utilisation des plantes médicinales et la réalisation des enquêtes ethnobotaniques ; à la validation scientifique des usages thérapeutiques traditionnels ; à la valorisation et au développement des ressources végétales locales. Ils assurent la formation des professionnels de santé, des agriculteurs et du grand public ; et communiquent sur ses avancées.
L’USAGE DES PLANTES : UN EFFET DE MODE ?
Aujourd’hui, la tendance de revenir à des choses simples et peu coûteuses, « à la sobriété heureuse 1 », est mondiale. D’ailleurs, la directive de l’OMS2 est notamment de favoriser un usage sûr et efficace des médecines alternatives et complémentaires. Les gens ont compris l’importance des plantes médicinales. Et notons que La Réunion possède le seul Diplôme Universitaire (DU) d’éthnomédecine de France.
SUR QUELS CRITÈRES SONT ÉVALUÉES LES PLANTES LOCALES INSCRITES À LA PHARMACOPÉE ?
Connaître et consommer les plantes pour se soigner de manière naturelle est une dynamique louable, mais il ne s’agit pas non plus de faire des dégâts et détruire la richesse de la biodiversité. Aussi, la plante locale retenue doit, au préalable, répondre à plusieurs critères :
- est-elle efficace ?
- a t-elle un fort taux d’innocuité ?
- est-elle endémique ?
- peut-on préserver la ressource ?
- quelles exploitations agricoles peut-elle permettre ? Ces recherches et l’inscription à la pharmacopée permettront de créer les médicaments de demain.
QUELLES SONT LES PARTICULARITÉS DE LA RÉUNION EN PLANTES MÉDICINALES ?
D’une part, notre éloignement et notre histoire géologique ont favorisé l’émergence d’une biodiversité unique au monde, reconnue par l’UNESCO. La Réunion réunit plusieurs critères favorables à une biodiversité riche : climat tropical, altitude, ensoleillement, humidité, sols, vents... D’autre part, l’histoire humaine de l’île. Chaque population a ramené, non seulement son savoir populaire, mais aussi ses usages de la biodiversité pour se soigner ou se nourrir. Depuis la départementalisation, une accessibilité à la nourriture à l’excès a provoqué des prédispositions au diabète, aux maladies cardio-vasculaires, à l’obésité, aux insuffisances rénales... Enfin, pendant les épidémies de dengue ou de chikungunya, la population s’est tournée vers la médecine populaire pour se soigner. Ces crises sanitaires ont révélé que les Réunionnais ont beaucoup de savoirs traditionnels et populaires.
(1) Pierre Rabhi "Vers la Sobriété heureuse" EAN13 9782330026592 Éditeur Actes Sud Collection Babel
(2) Organisation Mondiale de la Santé, Dr Xiaorui ZHANG Programme de Médecine traditionnelle
Source: Région Réunion. le 17/09/2018.