
Taille standard ou taille XL, par boîte de six, douze ou vingt-quatre… A partir du 10 décembre, il sera pour la première fois possible de se faire prescrire – et donc de se faire en partie rembourser – des préservatifs masculins par un médecin ou une sage-femme.
Cette mesure, qui viendra en complément des cinq millions de préservatifs gratuits déjà mis en place chaque année par les pouvoirs publics, a été annoncée par la ministre des solidarités et de la santé, Agnès Buzyn, mardi 27 novembre, quatre jours avant le 1er décembre, date annuelle de la Journée mondiale de lutte contre le sida.
« C’est une chance en plus pour certains d’y accéder, car pour certains c’est trop cher », a fait valoir la ministre sur France Inter, en rappelant qu’« acheter une boîte à 3, 4, 5 euros, ça a un coût pour un adolescent ». Agnès Buzyn a estimé que la consultation gratuite de prévention récemment créée pour les jeunes entre 15 et 17 ans serait « une bonne consultation pour prescrire des préservatifs, pour que les adolescents passent le cap de l’achat »
Impact financier « assez limité » pour l’Assurance-maladie
Concrètement, l’Assurance-maladie prendra à sa charge 60 % du coût de ces préservatifs, sur la base d’un prix de vente de 1,30 euro la boîte de six, de 2,60 euros la boîte de douze et de 5,20 euros la boîte de vingt-quatre. Les complémentaires santé pourront choisir de prendre la différence à leur charge.
Près de deux millions de couples hétérosexuels et homosexuels seraient des utilisateurs déclarés de préservatif en tant que moyen de contraception et/ou comme moyen de prévention des infections sexuellement transmissibles, selon la HAS. Même si le marché est conséquent, l’impact financier pour l’Assurance-maladie devrait être « assez limité », assure-t-on au ministère de la santé.
Les indicateurs de santé sexuelle chez les jeunes sont en revanche jugés « préoccupants », les 15-29 ans représentant 78 % des infections à chlamydia, 65 % des infections à gonocoque et 33 % des cas de syphilis rapportés. Ils constituent aussi près d’un quart des près de 6 000 nouveaux cas de séropositivité VIH découverts chaque année. « Si le préservatif est encore bien utilisé au premier rapport sexuel, les chiffres pour la suite de la vie sexuelle sont alarmants », fait-on valoir Avenue de Ségur.
Cette possibilité de prescription est « une bonne idée qui correspond à un certain nombre de situations pour des adolescents », se félicite Jacques Battistoni, le président de MG France, le premier syndicat de généralistes.
A l’association de lutte contre le sida Aides, Caroline Izambert, la responsable du plaidoyer, assure qu’il s’agit d’une « mesure importante » qui répond à une demande associative. « C’est une flèche de plus à notre arc en matière de prévention », dit-elle, en assurant que « la prévention se construit dans le dialogue, pas tout seul avec sa pièce de 2 euros le soir devant le distributeur ».