Covid-19 : l’hydroxychloroquine liée à près de 17.000 morts lors de la première vague, selon une étude.
Une étude publiée mardi dans la revue Science estime pour la première fois que la surmortalité chez les patients atteints du Covid-19 et soignés à l'hydroxychloroquine représente près de 17.000 décès, dans six pays dont la France, lors de la première vague de l'épidémie de Covid-19.
Elle était présentée par certains comme un remède miracle, elle s'est révélée inefficace et même dangereuse. Quatre ans après l'apparition du coronavirus, l'hydroxychloroquine, médicament initialement utilisé contre le paludisme et administré contre le Covid en 2020, notamment par le professeur Didier Raoult à Marseille en dehors de toute autorisation des autorités sanitaires, serait associée à près de 17.000 décès dans six pays, sur la période de la première vague entre mars et juillet de cette même année.
Une nouvelle étude, menée par des chercheurs du CHU de Lyon et publiée mardi dans la revue Biomedicine & Pharmacotherapy, dénombre sur cette somme près de 13.000 morts aux États-Unis et 200 en France. Ces dernières années, plusieurs travaux d'ampleur avaient notamment démontré une surmortalité de 11 % chez les patients atteints du Covid soignés à l'hydroxychloroquine.
Sous-estimation
Les scientifiques ont analysé la surmortalité chez les patients traités à l'hydroxychloroquine dans six pays au total (la France, les Etats-Unis, la Belgique, l'Italie, l'Espagne et la Turquie) pour lesquels les données sur l'administration de ces traitements étaient disponibles, à savoir le nombre de patients hospitalisés avec le Covid, leur taux de mortalité et le taux de prescription de l’hydroxychloroquine, afin de calculer le nombre de patients décédés du Covid et ayant été traités avec ce médicament. Ils ont ensuite appliqué le taux de surmortalité chez les patients concernés pour arriver à cette estimation de près de 17.000 décès.
Mais ce nombre met en lumière les dangers de la réutilisation des médicaments avec des preuves de faible niveau, dénoncent les auteurs de l'étude. Il est d'ailleurs sans doute en deçà de la réalité. En effet, il n'inclut par exemple pas des pays comme l'Inde et le Brésil, où ce traitement a été massivement utilisé, et pour lesquels les chiffres ne sont pas disponibles. De plus, les chercheurs ne se sont concentrés que sur la première vague de l'épidémie au printemps 2020, or le médicament a continué à être utilisé dans les mois qui ont suivi.
"Cela confirme que les patients souffrant d'un Covid et qui reçoivent ce médicament ont plus de risque de mourir que ceux qui ne le reçoivent pas", souligne l'épidémiologiste Pierre Tatevin, chef du service des Maladies infectieuses du CHU de Rennes, invité mercredi de France Inter. Celui qui avait été l'un des premiers à contester l'usage de ce médicament rappelle que "quand c'est mal dosé, donné à trop forte dose ou sur des coeurs fragiles peut donner des troubles du rythme cardiaque" et que "donner un traitement inutile et potentiellement toxique à des patients déjà fragile est quelque chose de dangereux".
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Source : https://www.radiofrance.fr/ Par Victor Dhollande