La fusion du Travail et de la Santé au sein d'un super-ministère inquiète les médecins.
Les acteurs du monde de la santé ont exprimé des réserves à la suite de la nomination de Catherine Vautrin à la tête d'un giga-ministère incluant le Travail, la Santé et les Solidarités. Beaucoup craignent que la santé passe au second plan.
L'annonce de sa nomination a été une surprise pour tous. Alors que les noms de Frédéric Valletoux ou encore d'Arnaud Robinet circulaient, c'est finalement Catherine Vautrin, actuelle présidente de la communauté urbaine du Grand Reims, qui a été nommée à la tête d'un super-ministère incluant le Travail, la Santé et les Solidarités, au sein du Gouvernement de Gabriel Attal. Elle succède à Agnès Firmin Le Bodo, qui assurait l'intérim depuis la démission d'Aurélien Rousseau, le 20 décembre dernier. Personnalité politique issue de la droite, Catherine Vautrin est ainsi la 7e ministre chargée de la Santé depuis le premier mandat d'Emmanuel Macron.
Alors que l'annonce de la composition du Gouvernement se faisait attendre, les acteurs de la santé, qui ont exprimé des inquiétudes face à la valse des ministres de la Santé, n'ont pas tardé à réagir à sa nomination. Du côté des syndicats de médecins libéraux, la CSMF a salué la nomination de Catherine Vautrin, se réjouissant que "la Santé remonte dans l’ordre protocolaire du Gouvernement", au sein d'un ministère plus large. "La CSMF y voit le signe que la Santé, deuxième source de préoccupations des Français, pourrait enfin bénéficier des moyens nécessaires à tous les Français et à leurs médecins", écrit la Confédération dans un communiqué.
Les Libéraux de santé, qui regroupent 10 syndicats représentatifs des professions de santé libérales, ont abondé en ce sens : "L’arrivée de Catherine Vautrin à la tête d’un grand ministère du Travail, de la Santé et des Solidarités, et son rang élevé dans l’ordre protocolaire du nouveau Gouvernement sont une chance, car l’ensemble de ces trois grands secteurs sont liés." Côté hôpital, la Fédération hospitalière de France "souhaite voir dans la constitution d’un grand ministère réunissant les enjeux du Travail, de la Santé, de l’Autonomie et, sans doute, de la Fonction publique, le signe qu’ils feront l’objet d’un portage politique renforcé et tout à fait prioritaire", écrit-elle dans un communiqué.
"Un grand ministère social sera un atout pour les politiques de santé et de prévention, j’en suis certain", a souligné Aurélien Rousseau sur X (anciennement Twitter), ce vendredi matin, adressant ses "félicitations républicaines" à Catherine Vautrin.
"Second plan"
Pour d'autres, en revanche, le portefeuille très large confié à Catherine Vautrin risque de faire passer la santé "au second plan", pour reprendre les mots du Dr Patrick Gasser, et ce alors que les enjeux sont immenses (crise des urgences, déserts médicaux…). "Je ne crois pas que ce soit l'image de l'audace et de la transformation", a commenté le président d'Avenir Spé auprès de l'AFP. "Est-ce que cette nomination est le signe que la santé est un sujet très important méritant un grand ministère, ou bien est-ce le signe qu'elle ne mérite pas un ministère à part entière ?", s'interroge aussi la Dre Agnès Gianotti, présidente de MG France.
Un ministère délégué, chargé spécifiquement des questions de santé, devrait toutefois être créé et confié à Agnès Pannier-Runacher, qui était chargée de la Transition écologique dans le Gouvernement d'Elisabeth Borne. Ce qui ne semble pas rassurer le Dr Jérôme Marty, président de l'UFML-S. "Le signal qui vient de nous être lancé, c'est un peu plus d'économies dans la santé puisque madame Catherine Vautrin autant qu'Agnès Pannier-Runacher se sont plus occupées au cours de leur parcours politique du fait industriel ou économique que du fait sanitaire", a déclaré le généraliste toulousain dans une vidéo postée sur X, estimant que "la santé joue un peu en division 2 maintenant". "Le vrai ministre de la Santé apparaît être Bruno Le Maire", a-t-il ajouté.
Source : https://www.egora.fr/ Louise Claereboudt