“Il n'y a pas un, mais cinq types d'Alzheimer” cette découverte pourrait changer la vie de milliers de patients.
Il existe en réalité cinq types différents de la maladie d’Alzheimer. Cette découverte a été faite par des chercheurs néerlandais qui ont étudié les protéines présentes dans le liquide céphalo-rachidien. Comment reconnaître le type de cas en question? Et cela signifie-t-il que nous pourrons bientôt éradiquer totalement cette maladie? Nos confrères de Het Laatste Nieuws ont posé la question aux scientifiques concernés. “Petite lueur d’espoir: avec le type le plus courant, on survit le plus longtemps.”
“La maladie d’Alzheimer reste une affection mystérieuse”, explique la neuroscientifique Betty Tijms, du centre UMC Amsterdam. “Un patient peut contracter la maladie très jeune et en mourir relativement tôt. Mais les premiers symptômes peuvent tout aussi bien apparaître à partir de l’âge de quatre-vingts ans. L’évolution peut varier énormément d’un patient à l’autre. La seule chose que nous savions avec certitude, c’est que chez presque tous les patients, deux protéines présentes dans le liquide céphalo-rachidien se modifient. L’une d’elles est la substance amyloïde, qui s’agglomère dans le cerveau. La communication entre les cellules cérébrales est alors moins bonne, ce qui entraîne des pertes de mémoire”.
Mais le liquide céphalo-rachidien contient plus de 1.000 protéines. “Nous avons donc décidé de les soumettre toutes à une étude, pour une fois”, explique le chercheur Pieter Jelle Visser, de l’université de Maastricht. “Nous avons prélevé du liquide céphalo-rachidien sur plus de 600 personnes, en leur piquant une fine aiguille dans le dos. C’est entre les vertèbres du dos que se trouvent les ramifications des cellules nerveuses. Nous avons ensuite utilisé l’intelligence artificielle (IA) pour rechercher des schémas chez les patients atteints de la maladie d’Alzheimer. Résultat: nous avons pu détecter cinq groupes différents. Chaque type présente une certaine concentration de protéines et donne lieu à un type de symptômes différent.”
Quels sont les types de maladies qui existent?
“Dans le groupe le plus important, soit environ 33 % des cas, on observe une prolifération des cellules cérébrales”, explique Betty Tijms. “Normalement, ces cellules réparent les petites erreurs dans le cerveau. Mais chez ces patients, elles en font trop. Elles essaient de réparer la ‘fuite’, mais le font de manière si rapide qu’elles causent des dommages.” Ce cas présente toutefois une petite lueur d’espoir: c’est avec ce type d’Alzheimer que l’on survit le plus longtemps. L’espérance de vie moyenne est de presque neuf ans.
“Dans le deuxième groupe le plus important (30 %), une partie du corps fait un effort un peu trop important”, ajoute le professeur Pieter Jelle Visser. “Ce type de maladie implique le système immunitaire du cerveau. Normalement, ce système devrait éliminer les ‘mauvaises’ choses, mais dans cette forme d’Alzheimer, il est suractivé. Il libère alors des toxines et la maladie s’aggrave à chaque fois.” Il s’agit donc de l’une des formes de la maladie dans laquelle les patients perdent le plus de neurones, ce qui entraîne des troubles de la pensée et de la mémoire.
Le troisième type le plus important (18%) concerne des problèmes liés à un organe du cerveau. “Il s’agit de l’organe qui produit le liquide céphalo-rachidien. Nous constatons que ce dernier est souvent hypertrophié chez ces patients, ce qui provoque une inflammation. Un quatrième type de maladie d’Alzheimer (13 %) provoque des lésions de la barrière hémato-encéphalique. Elle protège normalement le cerveau des substances provenant de l’extérieur. Mais chez ces patients, il y a une fuite, ce qui nuit au cerveau.”
“Ce dernier type de maladie ne concerne que six pour cent des patients”, ajoute la chercheuse Betty Tijms. “Dans ce cas, il y a un problème de production de protéines dans le cerveau. C’est la forme la plus dangereuse de la maladie d’Alzheimer. La durée de survie des patients est très courte. Après le diagnostic, ils ne vivent en moyenne que 5,6 ans.”
En quoi ces découvertes vont-elles aider à traiter la maladie d’Alzheimer?
“À l’heure actuelle, nous constatons que les médicaments ne fonctionnent pas du tout chez certains patients. Nous constatons même parfois qu’ils aggravent la situation. Si nous pouvions diviser les patients en groupes, cela nous permettrait d'éviter ce genre de cas. Nous pourrions affaiblir le système immunitaire des personnes dont le système immunitaire est trop zélé, et faire le contraire pour les personnes dont le système immunitaire est faible. Nous pourrions ainsi proposer un traitement personnalisé dont nous savons qu’il donne des résultats. Il s’agirait alors d’une véritable percée.”
Quand ces découvertes pourront-elles être mises en pratique?
“Si nous pouvons effectivement confirmer qu’un médicament distinct est efficace pour un type particulier de maladie d’Alzheimer, nous pourrions le faire assez rapidement”, ajoute encore Pieter Jelle Visser. “Pour certains problèmes cérébraux, des médicaments sont déjà disponibles. Si nous trouvons rapidement le type de maladie chez un patient, nous pourrions l’aider en l’espace d’un an, pour ainsi dire. Pour d’autres problèmes, il n’existe pas encore de médicaments. Mais si nous savons exactement ce qu’il faut cibler, nous pourrions également y parvenir d’ici cinq à dix ans.”
“Tout cela de la quantité de liquide céphalorachidien dont nous disposons et de la volonté de coopération des entreprises pharmaceutiques”, poursuit Betty Tijms. “Nous travaillons également sur la détection des protéines dans le sang. Ce serait encore plus efficace que la péridurale. Cela nous permettrait de travailler encore plus rapidement et plus facilement. L’objectif final est vraiment d’éradiquer la maladie d’Alzheimer. Une personne sur cinq sera atteinte de démence à un moment ou à un autre, c’est pourquoi cette recherche est notre priorité absolue.”
Source : https://www.7sur7.be/