En cancérologie, les infirmiers libéraux au premier rang de la prise en charge.
Les infirmières libérales sont des actrices clefs de la prise en charge des patients atteints d’un cancer. Elles interviennent à toutes les étapes de la maladie, de la prévention à la fin de vie, en passant par les protocoles de soins.
En étant quotidiennement au contact de leurs patients, les infirmières libérales (idels) jouent un rôle non négligeable dans le dépistage du cancer. « Lorsque nous constatons une situation qui peut nous paraître suspecte chez nos patients et/ou leur entourage, nous pouvons tout à fait les encourager à consulter leur médecin », indique Johanna Pane, infirmière libérale à Roquemaure (Gard) et adhérente de l’Association française des infirmièr(e)s de cancérologie (Afic).
« Au détour d’un soin, dans le cadre de notre rôle propre, nous pouvons en profiter pour faire passer des messages de prévention et de promotion de la santé sur l’intérêt de réaliser des mammographies ou encore de consulter son médecin traitant ou un autre spécialiste pour le suivi », souligne Cyrille Le Page, infirmier libéral à Saint-Brieuc (Bretagne).
Les actions en faveur du dépistage peuvent aussi se faire à plus grande échelle. « Au sein de notre maison de santé pluriprofessionnelle (MSP) multisites, nous menons des actions de prévention, notamment lors des mois dédiés à certains cancers comme Mars bleu pour le cancer colorectal ou encore Octobre rose pour le cancer du sein », ajoute Johanna Pane. Des actions de santé publique peuvent aussi avoir lieu à l’échelle de la Communauté professionnelle territoriale de santé (CPTS), pour un impact populationnel.
Dépistage et traitements des cancers
Lors d’une suspicion de cancer chez un patient, l’infirmière libérale peut être sollicitée afin de réaliser une prise de sang pour confirmer le diagnostic. Si le cancer est avéré, elle peut informer le patient des examens éventuels qu’il va être amené à effectuer puis intervenir aux différents stades du protocole.
Lorsque la prise en charge implique un traitement chirurgical, le patient peut faire appel à l’idel pour le bilan sanguin pré-anesthésie. Après la chirurgie, « nous pouvons être amenés à réaliser les pansements post-opératoires », indique Cyrille Le Page. L’infirmier libéral est alors en alerte sur les éventuelles complications pouvant survenir à la suite de l’opération (réouverture de la plaie, risque infectieux) et peut contacter le médecin, si besoin.
Dans le cas des traitements médicamenteux, le concours de l’idel varie en fonction du protocole. Si le patient suit, par exemple, une chimiothérapie par perfusion, « nous intervenons au début du protocole pour les soins liés à la cicatrisation de la chambre implantable », rapporte Cyrille Le Page. L’infirmier peut également être sollicité pour le retrait du diffuseur à la suite de chaque séance de chimiothérapie et assurer une surveillance.
« Les patients sous chimiothérapie réalisent fréquemment des prises de sang, en amont ou en aval de la cure, afin de contrôler différents paramètres, explique Johanna Pane. Nous pouvons intervenir 48 heures avant la date prévue d’une cure afin de réaliser une prise de sang pour surveiller les effets secondaires de la précédente chimiothérapie, notamment les niveaux des globules blancs, des globules rouges, des plaquettes ou encore la fonction rénale. » Selon les différents indicateurs, l’oncologue peut décider de maintenir ou de décaler la prochaine cure.
Pendant le protocole, le patient peut aussi être placé sous nutrition entérale ou parentérale en raison d’une perte de poids en lien avec la maladie ou le traitement, « l’objectif étant de veiller à ce qu’il n’en perde plus », indique Johanna Pane.
Pour les chimiothérapies par voie orale, « en fonction de l’état cognitif du patient, nous pouvons assurer la prise du traitement et la surveillance associée », souligne Cyrille Le Page. Enfin, dans le cas d’une radiothérapie, l’infirmier libéral ne joue pas de rôle majeur sauf dans les rares cas de brûlures radiques. « Nous allons alors prendre en charge la plaie », ajoute-t-il.
Enfin, lorsque les protocoles n’ont pas permis la guérison du patient, les infirmiers libéraux peuvent, en dernier recours, assurer un accompagnement en soins palliatifs, généralement avec l’Hospitalisation à domicile (HAD). La prise en charge en soins palliatifs implique généralement une adaptation de l’organisation du cabinet car les passages au domicile du patient peuvent être longs. « Cette prise en charge étant ponctuelle, nous nous investissons au maximum, elle devient notre priorité », soutient Cyrille Le Page.
Organisation du cabinet et réassurance
« Tous les soins en lien avec la prise en charge du cancer impliquent que nous prenions notre temps, poursuit Johanna Pane. Notre rôle est d’être présent pour discuter avec le patient et avec sa famille, nous assurons un rôle de réassurance. »
Les infirmiers sont les principaux interlocuteurs des patients, et bien souvent, ils sont amenés à reformuler les explications apportées par le médecin traitant, l’oncologue ou le radiothérapeute car « il arrive fréquemment que les patients n’aient pas compris les protocoles et n’osent pas en parler à leur médecin, indique l’infirmière. De même, nous sommes souvent ceux qu’ils sollicitent en premier dès qu’ils reçoivent leurs résultats d’examens, dans l’attente de leur rendez- vous chez leur médecin. » « Nous jouons un rôle essentiel dans la gestion de l’anxiété », complète Cyrille Le Pag.
Une formation complémentaire
Si la formation initiale des infirmières est suffisante pour la prise en charge des patients atteints d’un cancer, l’expérience professionnelle permet d’affiner leur savoir-être et leur savoir-faire dans le conseil et la réassurance des patients. Des formations complémentaires peuvent toutefois être bénéfiques par exemple sur les traitements et leurs effets secondaires.
« De plus en plus de thérapies orales sont prescrites à domicile et si nous ne nous formons pas, nous pouvons vite être perdus dans l’accompagnement à proposer », estime Johanna Pane. « Pour les prises en charge de chimiothérapies orales à domicile, certains laboratoires peuvent nous demander de nous former préalablement, en ligne, avec validation d’un questionnaire », précise Cyrille Le Page.
Les autres formations peuvent avoir lieu dans le cadre du Développement professionnel continu (DPC), avec un financement par l’Agence nationale du DPC (ANDPC) ou par le Fonds interprofessionnel de formation des professionnels libéraux (FIF PL).
Source : https://www.actusoins.com/