Des chirurgiens américains ont transplanté un rein de porc sur un patient vivant.
Une semaine après l'opération, le patient se porte bien, rapporte l'hôpital. Cette xénogreffe a nécessité 69 modifications génétiques sur le rein de porc avant transplantation. Les médecins espèrent un bon fonctionnement du greffon suffisamment longtemps pour que le patient bénéficie d'une greffe de rein humain.
Des chirurgiens ont transplanté le rein d'un porc génétiquement modifié sur un patient vivant, une première qui représente un nouveau pas vers une potentielle solution à la pénurie chronique de dons d'organes, a annoncé jeudi 21 mars 2024 un hôpital américain.
Une semaine après l'opération, le transplanté se "remet bien"
Le patient, âgé de 62 ans, souffrait d'insuffisance rénale chronique. Il "se remet bien" de l'opération de quatre heures ayant eu lieu il y a moins d'une semaine, le 16 mars 2024, a déclaré dans un communiqué le Massachusetts General Hospital, à Boston (Etats-Unis). Des reins de porcs génétiquement modifiés avaient déjà été transplantés, et fonctionné, sur des humains en état de mort cérébrale. Des patients vivants ont également déjà reçu une greffe de cœur d'un porc génétiquement modifié, mais ils sont ensuite décédés après deux mois pour l'un, et six semaines pour l'autre.
Les médecins "m'ont minutieusement expliqué les pour et les contre de la procédure", a déclaré le patient, Richard Slayman, de la ville de Weymouth dans le Massachusetts (nord-est). "J'ai vu cela comme un moyen non seulement de m'aider moi, mais aussi de donner de l'espoir à des milliers de personnes qui ont besoin d'une greffe pour survivre", a-t-il ajouté, cité dans le communiqué. Il devrait pouvoir quitter l'hôpital "bientôt", selon le communiqué. Il avait par le passé déjà reçu une greffe de rein humain, mais avait dû reprendre la dialyse depuis mai 2023. Plus de 100.000 personnes attendent une greffe d'organe aux Etats-Unis, et 10.000 en France. Le rein est l'organe le plus communément requis, avec 5.260 inscriptions sur liste d'attente en 2022, contre presque 3.400 greffes de rein réalisées, d'après l'Agence de Biomédecine.
69 modifications génétiques ont été réalisées sur le rein de porc
Le domaine des xénogreffes - transplantations d'organes d'animaux sur des humains - avance à grande vitesse ces dernières années. La première mondiale d'une transplantation de rein de porc sur un humain en état de mort cérébrale avait été réalisée en septembre 2021, par des chirurgiens de l'hôpital NYU Langone de New York. Le rein a ici été fourni par l'entreprise eGenesis. Cette opération "représente une nouvelle frontière en médecine et démontre le potentiel de la modification du génome pour changer la vie de millions de patients dans le monde qui souffrent d'insuffisance rénale", a déclaré Mike Curtis, patron d'eGenesis.
Les xénogreffes représentent un défi car le système immunitaire du receveur a tendance à attaquer l'organe étranger. En tout, 69 modifications génétiques sont été réalisées afin d'amoindrir le risque de rejet : certains gènes de porc ont été enlevés, et des gènes humains ajoutés, à l'aide de la technologie CRISPR-Cas9. Les scientifiques ont également procédé à l'"inactivation de rétrovirus" du porc, des virus intégrés dans l'ADN de tous les cochons, pour éliminer le risque d'infection après la greffe, explique le communiqué. "Le succès de cette greffe est l'aboutissement des efforts de milliers de scientifiques et médecins depuis plusieurs décennies", a souligné Tatsuo Kawai, chirurgien au Massachusetts General Hospital.
En attendant un rein humain
L'évolution du greffon sur le long terme n'est pas possible à prévoir, mais les médecins considèreront que l'opération est un succès si le patient parvient à se passer de dialyse. "Nous ne savons pas encore combien d'années ce rein peut survivre, mais d'après nos recherches précliniques, nous visons des années - plus de deux ans", a déclaré Tatsuo Kawai. Le temps de pouvoir remplacer le rein de porc par un rein humain.
Source : https://www.sciencesetavenir.fr/ CG avec AFP