Le sport sur ordonnance : en pratique, comment faire pour y avoir droit ?
Cette pratique, très bénéfique pour la santé, concerne potentiellement près d'un tiers de la population française. Pourtant, elle reste encore assez méconnue.
Quand ce dispositif a été mis en œuvre, en 2016, un médecin ne pouvait prescrire de l’activité physique adaptée (APA), ou "sport sur ordonnance", qu'aux patients touchés par une pathologie reconnue en affection de longue durée par l’Assurance maladie. Depuis 2022, toutes les personnes atteintes d’une maladie chronique (diabète, cancer…) ou présentant des facteurs de risque (hypertension, obésité) sont concernées. Au total, cela représente 20 millions de Français ! "Dans les faits, les individus souffrant de surpoids et d'obésité, de diabète et d’hypertension en sont les principaux bénéficiaires. Viennent ensuite ceux touchés par un cancer, une insuffisance cardiaque, un AVC, Parkinson et une polyarthrite rhumatoïde", souligne Marie Mullot, chargée de mission au Pôle ressources national sport-santé-bien-être. Seniors, enfants, femmes enceintes… Tout le monde est éligible.
Quels sont les bienfaits du sport sur ordonnance ?
Le sport sur ordonnance réduit les séquelles neuromusculaires après un AVC, fait baisser de 30 % la mortalité après un infarctus, diminue la douleur dans l’arthrose et la lombalgie... Il aide les personnes atteintes d’un cancer à lutter contre la fatigue et la toxicité des traitements, mais aussi à prévenir les récidives. En cas de dépression légère à modérée, de diabète de type 2 ou d’obésité, l’exercice est conseillé avant toute autre prescription. "Sur mes ordonnances, j’inscris l’activité physique avant les médicaments, cela montre à mes patients sa place dans leur traitement", témoigne le Pr François Carré, cardiologue et responsable de la Maison sport-santé du CHU de Rennes (Ille-et-Vilaine).
Comment y avoir recours ?
Il suffit de demander à son médecin traitant ou à son spécialiste si on y a droit. Problème : de nombreux praticiens ne connaissent pas bien le dispositif. "Dans le cursus de médecine, il n’y a pas de formation à la prescription d’APA. Les médecins vont donc devoir se former eux-mêmes", souligne le Pr Carré. Autre option : se rendre directement dans une maison sport-santé, où l’on peut soit obtenir une ordonnance auprès du médecin du sport qui y est rattaché, soit se renseigner et retourner consulter son médecin traitant. Combien d’ordonnances ont été délivrées ces dernières années ? Impossible à savoir : l’APA n’étant pas remboursée, l’Assurance maladie ne dispose d’aucun suivi.
Quels sont les sports prescrits ?
Les plus fréquents sont la marche et la marche nordique, la natation et le renforcement musculaire, selon le premier bilan dressé par le ministère des Sports. De son côté, le Pr Carré souligne que le renforcement musculaire, la marche et le vélo sont les plus demandés par ses patients, mais aussi le tai-chi ou le football en marchant. Le panel des possibles est en effet très vaste : il s'étend de l’athlétisme à la boxe, en passant par la pétanque ou le tennis de table. "Le principal est que la personne soit contente de pratiquer ! Son adhésion est fondamentale, notamment si elle n’aime pas trop le sport", pointe le Pr Carré.
Comment ça fonctionne ?
Tout commence par une évaluation et un bilan médical. Objectif : faire le point sur son état de santé, ses éventuelles douleurs, ses habitudes de vie et ses sports préférés. L’activité est choisie sur cette base, après discussion entre le médecin et le patient. La prescription prévoit deux ou trois séances de quarante-cinq minutes à une heure par semaine, sur trois mois renouvelables. L’ordonnance précise la pathologie pour laquelle l’exercice est recommandé et les objectifs fixés (développer son endurance, son équilibre, sa souplesse…). Le médecin conseille ensuite au patient de consulter un kinésithérapeute ou de se rendre dans une maison sport-santé, un centre de rééducation ou un club de sport pour pratiquer.
Qui encadre les séances ?
Plusieurs types de professionnels sont habilités : l’enseignant en APA ( licence ou master Staps mention APA), l’éducateur sportif, mais aussi le kinésithérapeute, le psychomotricien et l’ergothérapeute. Ces trois derniers sont les seuls à pouvoir intervenir auprès des personnes très limitées par leur maladie (paralysie à la suite d’un AVC par exemple). Dans les autres cas (surpoids, diabète…), les professeurs en APA et les éducateurs sportifs (tel un maître-nageur pour la natation) supervisent la pratique. "On trouve facilement des enseignants en APA dans les grandes villes, plus difficilement en zone rurale. Là, il faut se rapprocher des mairies pour connaître les dispositifs et chercher des kinésithérapeutes", souligne Léo Delaire, enseignant en APA.
Source : https://www.caminteresse.fr/