Des virus pour lutter contre les cancers et les maladies infectieuses.
INTERVIEW. L’Institut Pasteur et Oncovita font cause commune pour développer de nouveaux traitements.
'Institut Pasteur et la société de biotechnologie française Oncovita viennent d'annoncer la création d'un laboratoire commun. Le but : développer de nouveaux vaccins et des traitements contre le cancer. Entretien avec Frédéric Tangy, professeur à l'Institut Pasteur, directeur scientifique et cofondateur d'Oncovita.
Le Point : Quelles maladies ciblez-vous ?
Frédéric Tangy : Nous travaillons à des vaccins contre les maladies virales définies comme prioritaires par l'OMS. Il s'agit notamment de la combinaison rougeole-oreillons-rubéole (ROR), de la fièvre jaune ou encore du papillomavirus. Ces vaccins existent déjà, mais sont souvent mal distribués dans de nombreux pays car beaucoup trop chers. Celui contre le papillomavirus coûte environ 100 dollars la dose [il en faut deux, NDLR]. Nous visons un prix de 5 dollars.
Par ailleurs, avec notre technologie, nous pouvons introduire dans le même vaccin, le ROR par exemple, celui contre la fièvre jaune, alors qu'aujourd'hui ils ne peuvent être combinés dans une seule injection. Avec la même approche, nous visons aussi les cancers solides : sein triple négatif, vessie, « cancer de l'amiante », ovaires, métastases du foie, etc. Outre l'action sur les tumeurs, le traitement devrait avoir un effet protecteur contre les rechutes, une sorte de vaccin contre le cancer.
Quelle technologie permet d'avoir des fonctions si différentes ?
Nous utilisons le virus vaccinal de la rougeole, un virus atténué utilisé pour protéger des milliards d'humains depuis soixante ans, auquel nous ajoutons d'autres antigènes pour vacciner conjointement contre la rougeole et d'autres maladies infectieuses.
Pour le traitement du cancer, nous avons développé un virus vaccinal de la rougeole spécifique appelé MVdeltaC. Il sait reconnaître spécifiquement les cellules cancéreuses, les infiltrer et déclencher une réaction
inflammatoire. Cela attire les cellules du système immunitaire qui détruisent la tumeur. Par la même occasion, le système immunitaire acquiert une mémoire des cellules tumorales et il pourra de nouveau détruire celles-ci en cas de reprise du cancer. C'est donc un effet protecteur sur le long terme.
Des essais sur l'homme sont-ils lancés ?
Les premiers essais cliniques doivent commencer à la fin de l'année 2025. Les résultats obtenus sur la souris sont déjà très satisfaisants. Sur le cancer, on parvient à détruire 70 % des tumeurs, même très grosses. Mais ce sont des souris et des tumeurs de laboratoire, très homogènes. Chez l'homme, la diversité étant beaucoup plus grande et les tumeurs pouvant devenir résistantes, l'efficacité ne devrait pas être aussi élevée.
35 %
C'est la réduction des événements graves survenant pendant et après l'accouchement lorsque la mère bénéficie d'une péridurale, selon une étude menée sur plus de 500 000 naissances par des chercheurs écossais. Outre la réduction des douleurs, la péridurale limite les risques de détresse respiratoire, d'ablation de l'utérus ou d'infections graves et de plus d'une quinzaine d'autres complications. (BMJ)
Mieux anticiper la dengue
La dengue, maladie virale transmise par les moustiques, provoque des épidémies d'une ampleur très variable selon les saisons. La pluviométrie permet de prévoir le taux de reproduction des insectes et laisse quelques semaines pour anticiper la situation. Une équipe internationale a montré que les fluctuations de températures à la surface de l'océan Indien assureraient la prévision de la gravité de l'épidémie plus de six mois en amont.
Source : https://www.lepoint.fr/ Olivier Hertel et Caroline Tourbe