La feuille de route pour la santé de l'enfant : les réactions .
Le ministre délégué à la Santé, Frédéric Valletoux, a enfin annoncé son plan stratégique pour la santé de l'enfant 2024-2030. Au grand soulagement des professionnels de la pédiatrie, qui avouaient récemment, dans plusieurs communiqués, leur découragement. Car, comme le rappelait le syndicat national des pédiatres des établissements hospitaliers (SNPEH), « les résultats des Assises de la santé de l'enfant, initialement attendus pour l'été 2023, n'ont été présentés qu'en avril 2024, avec près d'un an de retard.
Et d'ajouter : « Pendant ce temps, la situation se détériore chaque jour. Le personnel médical et paramédical est à bout de souffle. Les pédiatres, en particulier, sont surchargés, jonglant entre les urgences, les maternités, et le suivi de maladies complexes et chroniques. Cette polyvalence essentielle est en péril faute de personnel suffisant. »
La situation se détériore chaque jour. Le personnel médical et paramédical est à bout de souffle SNPEH.
Fermeture de services
En février dernier, le conseil national de la pédiatrie, tout en saluant la nomination de Frédéric Valletoux au poste de ministre délégué à la Santé, faisait un triste état des lieux de la pédiatrie, tant libérale qu'hospitalière : « Dans le secteur pédiatrique hospitalier, les difficultés sont majeures tant pour les prises en charge des patients chroniques qu'aigus. La néonatalogie traverse une crise démographique plus intense que jamais à l’origine de la fermeture de certains services, provoquant des transferts éloignés de nouveau-nés. Avec un nombre d’installations en constante baisse et une démographie alarmante, la pédiatrie libérale est en grande difficulté. En première ligne auprès des familles les plus vulnérables, la PMI, exsangue, n’arrive plus à assurer ses missions notamment de prévention. Les moyens alloués sont dérisoires comparés à la réalité du terrain. Enfin, l’offre de soins insuffisante en santé mentale, avec des délais de prise en charge dépassant parfois 6 à 12 mois, impacte directement les fonctionnements des services de pédiatrie, le secteur ambulatoire et les urgences pédiatriques. »
Vaccination et dépistage
Ce 24 mai, donc, en conclusion des Assises de la pédiatrie, Frédéric Valletoux a dévoilé son plan stratégique pour la pédiatrie 2024-2030,
agrémenté de 16 objectifs, et a mis en exergue les points les plus structurants de ce plan, organisé selon quatre axes :
- investissement dans la prévention auprès des parents, des enfants, des adolescents ;
- amélioration de l'organisation et de la prise en charge sanitaire des jeunes ;
- amélioration de la prise en charge de la santé mentale des jeunes ;
- investissement dans la recherche et l'innovation.
600 postes d’internes seront proposés chaque année en pédiatrie, soit + 75 % par rapport à 2022. – Frédéric Valletoux.
Sur X, Frédéric Valletoux a notamment souligné l'importance du dépistage : « Plus largement, il nous faut systématiser la réalisation des 20 examens obligatoires de l'enfant. Et pour faciliter la prise de rendez-vous et le suivi des enfants, l’accès direct aux #orthophonistes sera désormais possible et organisé à travers des plateformes dédiées. »
Les campagnes de vaccination seront également intensifiées, notamment lors des 1 000 premiers jours. Afin de pallier la pénurie de médecins notamment en milieu scolaire, Frédéric Valletoux veut redéfinir « le socle des missions de la santé scolaire et autoriser les médecins de l'éducation nationale à cumuler avec une activité hospitalière ou libérale, afin d'assurer une présence médicale plus soutenue dans nos écoles. »
En matière de prise en charge néonatale, « un taux d'équipement en réanimation de 1 lit pour 1 000 naissances dans chaque région d’ici 2027 » sera assuré, et d'ici 2030, « 600 postes d’internes seront proposés chaque année en pédiatrie, soit + 75 % par rapport à 2022 ». De nouveaux projets de recherche seront engagés, en « mobilisant le dispositif France 2030 ».
Infirmières puéricultrices en pratique avancée
Au chapitre des ressources humaines, des infirmières puéricultrices seront formées à la pratique avancée et devront être opérationnelles en 2027. De manière transversale, la pédiatrie devra irriguer un certain nombre de services et de modes d'exercice : ainsi, des filières pédiatriques feront leur apparition dans les services d'accès aux soins (SAS) d'ici 2026, tout comme dans les soins médicaux et de réadaptation (SMR). En hospitalisation à
domicile (HAD), 10 0000 enfants de moins de trois ans et 4 000 enfants de 4 à 17 ans seront pris en charge d'ici 2027. Afin de financer ces mesures, la tarification de la pédiatrie sera revalorisée : déjà, en 2024, les tarifs en pédiatrie ont augmenté de 5,8 % pour le public et le privé non lucratif et de 2,66 % pour le privé lucratif. En matière de prévention, il est prévu la généralisation de l'utilisation du nirsevimab, un traitement préventif de la bronchiolite.
Concernant le troisième axe de ce plan, à savoir la santé mentale, le ministère de la Santé souhaite promouvoir les centres médico-psychologiques pour les enfants et adolescents ou infanto-juvéniles et renforcer les maisons des adolescents.
Nous attendions en particulier que l'on définisse un ratio de soignants par patient, et sur ce sujet il n'y a rien. – Dr Emmanuel Cixous.
Source : https://www.univadis.fr/