Une molécule de type « pseudo-prion » inverse les effets de la maladie d’Alzheimer dans le cerveau des souris.
Une protéine β-amyloïde modifiée, considérée comme un « pseudo-prion », pourrait avoir un effet protecteur sur le cerveau. Injectée directement dans le cerveau de modèles murins de la maladie, elle a en effet empêché les pertes de mémoire et d’autres dysfonctionnements cérébraux chez les rongeurs.
La recherche a déjà mis en évidence plusieurs mutations génétiques augmentant le risque de développer la maladie d’Alzheimer. À l’inverse, une mutation rare, présente au sein de la population islandaise, confère une protection contre la maladie. La protéine β-amyloïde résultant de cette mutation, considérée comme un « pseudo-prion », pourrait avoir un effet protecteur sur le cerveau. Injectée directement dans le cerveau de modèles murins de la maladie, elle a en effet empêché les pertes de mémoire et d’autres dysfonctionnements cérébraux chez les rongeurs.
La maladie d’Alzheimer est la forme la plus courante de démence, représentant 60 à 70% des cas. Elle est causée par des lésions, qui résultent de l’accumulation anormale de peptide β-amyloïde et de protéine tau. Ces lésions s’étendent peu à peu dans le cerveau, entraînant une perte de neurones et de leurs synapses. S’ensuit une perte progressive et irréversible des fonctions cognitives, en particulier de la mémoire. En France, cette maladie neurodégénérative concerne près d’un million de personnes de plus de 65 ans. D’ici 2050, ce nombre pourrait presque doubler, avec 1,8 million de cas. Face à la prévalence croissante de la maladie, les efforts de recherche visent à trouver des médicaments capables de bloquer le processus neurodégénératif. Une équipe de scientifiques a récemment découvert une protéine rare, qui pourrait jouer ce rôle.
Une mutation qui réduit la formation de plaques amyloïdes
Malgré plusieurs décennies de recherche intensive, les traitements actuels ne parviennent qu’à réduire les symptômes. On ne sait pas encore comment stopper ou inverser la progression de la maladie d'Alzheimer. Les
recherches ont néanmoins mis en évidence plusieurs mutations génétiques augmentant le risque de développer la maladie.
Mais en 2012, des chercheurs ont découvert une mutation rare du gène APP, présente au sein de la population islandaise. Contre toute attente, elle confère une protection contre la maladie (dans sa forme sporadique à apparition tardive). Les personnes porteuses de cette mutation présentent un vieillissement cognitif amélioré et ne développent jamais de maladie d’Alzheimer.
Les plaques amyloïdes se forment lorsque la protéine précurseur de l’amyloïde (APP) est clivée par une enzyme appelée bêta-sécrétase. La mutation islandaise entrave l’action de cette enzyme qui ne parvient plus à cliver l’APP. Résultat : la formation de plaques amyloïdes est réduite (l’étude de 2012 évoque une réduction de près de 40%).
Sur la base de ces résultats, une équipe canadienne a émis l’hypothèse que l’insertion de cette mutation dans les neurones des patients pourrait être une méthode efficace et durable pour ralentir, voire arrêter la progression de certaines formes héréditaires et sporadiques de la maladie. Les chercheurs ont donc inséré la mutation dans des cellules humaines in vitro, à l’aide de la technique d’édition CRISPR. Ils ont obtenu un taux de mutation compris entre 49 et 69% des gènes APP, suggérant que cette mutation – moyennant un système de délivrance efficace – pourrait être insérée directement dans les neurones du patient in vivo pour prévenir la maladie d’Alzheimer.
Source : https://www.science-et-vie.com/