Des chercheurs découvrent une piste de traitement de l'anorexie.
Des scientifiques canadiens et français ont découvert un mécanisme neurologique de l’anorexie, ainsi qu’un potentiel traitement.
L’anorexie touche de nombreuses personnes - généralement des jeunes femmes. Pourtant, à l’heure actuelle, aucun traitement n’existe et la maladie est encore mal comprise. Une recherche menée par des chercheurs de l’Université McGill (Canada) en collaboration avec des scientifiques français du CNRS, de l’Inserm et de la Sorbonne apporte de l’espoir. Ils se réjouissent en effet d’avoir « identifié à la fois le mécanisme neurologique sous-jacent à l’anorexie mentale ainsi qu’un remède possible » dans un communiqué (source 1).
Les chercheurs ont tout d’abord découvert que l’anorexie pourrait être liée à un déficit en acétylcholine, un neurotransmetteur, dans une région du cerveau associée au système de récompense. Ce déficit pourrait « précipiter l’auto-alimentation compulsive observée chez les personnes souffrant d’anorexie mentale », précisent les chercheurs, mais aussi plus généralement « conduire à la formation d’habitudes excessives ». Ce mécanisme neurologique pourrait donc être « commun entre les troubles liés à l’utilisation de substances et les troubles de l’alimentation », expliquent les auteurs de l’étude publiée dans la revue Nature Communications (source 2). D’ailleurs, « les troubles liés à l’utilisation de substances psychoactives sont observés chez près de 50 % des patients souffrant de troubles de l’alimentation », notent-ils.
Un potentiel traitement testé
Cette découverte a ensuite permis aux chercheurs de tester un traitement qui agit justement sur ce mécanisme. Il s’agit du donépézil, un médicament qui augmente la présence d’acétylcholine dans le cerveau, aujourd’hui utilisé pour la maladie d’Alzheimer. « Nous avons constaté qu’il inversait complètement le comportement anorexique chez les souris, et nous pensons qu’il pourrait potentiellement offrir le premier traitement de l’anorexie mentale basé sur un mécanisme. En fait, nous constatons déjà ses effets sur certains patients atteints de cette maladie », s’est réjouie la Dre Salah El Mestikawy, auteure principale de l’étude et professeure de psychiatrie à l’Université McGill. Le traitement a en effet déjà montré des effets positifs lors d’essais cliniques indépendants au Canada menés auprès de 10 patients souffrant d’anorexie mentale sévère. Avec une faible dose de donépézil, trois des patients « sont en rémission complète et les sept autres présentent une nette amélioration de la maladie », indique le communiqué. D’autres essais cliniques doivent être menés cette année aux États-Unis et en France.
Ce médicament pourrait également faire l’objet d’études pour d’autres maladies mentales. « Nous pensons également que d’autres pathologies compulsives telles que les troubles obsessionnels compulsifs (TOC) et les addictions peuvent également être améliorées par le donépézil, c’est pourquoi nous cherchons activement à collaborer avec d’autres psychiatres dans le monde pour explorer les possibilités », a déclaré la Dre El Mestikawy.
Les chercheurs tentent également de mettre au point un traitement similaire mais qui présenterait moins d’effets secondaires. En effet, le donépézil « peut provoquer de l’hypertension, des crampes, des nausées et des diarrhées et doit donc être utilisé avec prudence pour traiter une population de patients jeunes et sous-alimentés », précisent les auteurs de l’étude.
Découvrir un traitement efficace de l’anorexie est un enjeu de taille, puisque cette maladie mentale qui touche de plus en plus de jeunes femmes a « le taux de mortalité est le plus élevé de toutes les maladies psychiatriques », regrettent les chercheurs.
Source : https://www.santemagazine.fr/