Une superbactérie « hypervirulente » se propage.
L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a récemment lancé une alerte concernant une nouvelle menace bactérienne : une souche de Klebsiella pneumoniae qualifiée d’« hypervirulente ». Cette superbactérie, déjà redoutée pour sa capacité à résister à de nombreux antibiotiques, semble désormais capable de provoquer des infections graves chez des personnes en bonne santé. Dans ce contexte, l’OMS exhorte les pays à renforcer la surveillance de cette bactérie afin de mieux comprendre son étendue et sa fréquence, et à intensifier les efforts pour la détecter précocement.
Klebsiella pneumoniae : une bactérie opportuniste
Klebsiella pneumoniae est une bactérie omniprésente que l’on retrouve couramment dans le sol et le microbiote humain. Bien qu’elle soit généralement inoffensive lorsqu’elle réside dans notre bouche, notre peau ou nos intestins, K. pneumoniae peut devenir pathogène lorsqu’elle pénètre dans d’autres parties du corps, telles que les poumons. En tant que germe opportuniste, elle affecte principalement les personnes dont le système immunitaire est affaibli.
Comme de nombreuses autres bactéries, elle a développé au fil du temps une résistance aux antibiotiques, y compris aux carbapénèmes, qui sont souvent considérés comme le dernier recours contre les infections bactériennes résistantes.
Cette capacité de résistance a fait de la bactérie un problème médical sérieux, mais une nouvelle souche, appelée Klebsiella pneumoniae hypervirulente de type séquence 23 (hvKp ST23), présente un danger encore plus grand. Cette souche, résistante aux antibiotiques puissants, est en effet capable de provoquer des infections sévères non seulement chez les personnes immunodéprimées, mais aussi chez celles en bonne santé.
Surveillance et prévention : l’appel de l’OMS
Face à cette menace grandissante, l’OMS a récemment sollicité les pays pour évaluer l’ampleur du problème. À travers son système mondial de surveillance de la résistance aux antimicrobiens, l’organisation a reçu des réponses de 43 pays. Parmi ceux-ci, seize ont signalé la présence de hvKp, et douze ont spécifiquement identifié la souche hvKp ST23.
Cependant, l’organisation souligne que ces chiffres ne représentent probablement qu’une fraction de la réalité en raison de la difficulté à détecter ces infections de manière fiable et rapide. L’identification précise de hvKp nécessite en effet des capacités de séquençage génomique avancées que de nombreux laboratoires ne possèdent pas encore.
L’OMS, qui considère actuellement le risque posé par la souche hvKp ST23 comme modéré, recommande ainsi aux États membres de renforcer leurs capacités de diagnostic en laboratoire. Cela inclut le développement de tests moléculaires pour identifier les gènes de virulence en plus des gènes de résistance. Cette approche permettrait une détection plus précoce et fiable des souches hypervirulentes.
Source : https://sciencepost.fr/ Brice Louvet, expert espace et sciences