Immunothérapie : des résultats de plus en plus prometteurs contre les cancers.
Le congrès de la Société européenne d’oncologie médicale qui s’est tenu à Barcelone mi-septembre dernier a été l’occasion de présenter plusieurs études qui pourraient changer le pronostic de cancers pourtant difficiles à soigner.
L’immunothérapie, contrairement à la chimiothérapie ou la radiothérapie qui s’attaquent directement aux cellules tumorales, est un traitement qui stimule les propres cellules immunitaires du patient pour qu’elles apprennent, ou réapprennent, à reconnaître et à détruire les cellules tumorales.
L’immunothérapie connaît un essor important en oncologie depuis les années 2010 et nourrit de nouveaux espoirs dans le traitement de nombreux cancers.
Au congrès de la Société européenne d’oncologie médicale (ESMO), qui a réuni la communauté mondiale de l’oncologie du 13 au 17 septembre à Barcelone (Espagne), ces thérapies innovantes étaient au cœur de plusieurs études aux résultats prometteurs. Exemple avec quatre essais menés au moyen d’immunothérapies dans le traitement de cancers très agressifs.
Mélanome avancé
Dans le mélanome avancé, les résultats d’un essai de phase 2 d’immunothérapie avec un traitement anti-PD-1 paraît prometteur.
Concrètement, les cellules tumorales sont capables de détourner les dispositifs de contrôle du système immunitaire pour éviter d’être détruites.
Elles parviennent à déclencher des mécanismes qui inactivent les cellules immunitaires, notamment les lymphocytes T. Ces mécanismes appelés “points de contrôle” peuvent être bloqués par des traitements : des inhibiteurs de points de contrôle immunitaire. Ces derniers permettent de réactiver le système immunitaire.
Exemple qui concerne la présente étude : « la liaison de la protéine PD-L1, présente sur les cellules tumorales, au récepteur PD-1 à la surface des lymphocytes T entraîne l’inactivation de ces derniers. En bloquant le récepteur PD-1 ou la protéine PD-L1 (avec des anti-PD-1 ou anti-PD-L1), l’inactivation des lymphocytes T est levée. Ces cellules immunitaires vont alors être de nouveau en mesure de s’attaquer aux cellules tumorales », précise l’Institut national du cancer.
Grâce à ce traitement, une combinaison de deux anticorps monoclonaux, le nivolumab associé à l’ipilimumab, la survie globale médiane était de 6 ans environ dans l’essai CheckMate 067.
« Les résultats de cet essai confirment le potentiel de guérison de l’immunothérapie chez les patients atteints d’un mélanome avancé », a déclaré le Pr Marco Donia, professeur associé d’oncologie clinique au Centre national d’immunothérapie contre le cancer du Danemark (hôpital universitaire de Copenhague Herlev, Danemark), qui n’a pas participé à l’étude.
Et même en dehors des essais cliniques, l’immunothérapie a fait ses preuves en clinique de routine contre le mélanome avancé.
« L’immunothérapie a transformé le mélanome avancé d’une maladie auparavant mortelle avec une survie médiane de moins d’un an par rapport à ce que nous voyons aujourd’hui : la moitié des patients survivant pendant de nombreuses années », poursuit le médecin.
Cancer de la vessie
Une étude a également montré de bons résultats concernant la prise en charge des formes invasives du cancer de la vessie (invasion par la tumeur des muscles de la paroi de la vessie). Chaque année, 13 000 à 14 000 nouveaux patients sont diagnostiqués dont 4 000 présentent des formes graves.
Dans ces cancers, c’est encore la protéine PDL-1 présente sur la cellule tumorale qui se lie au récepteur PD-1 présent sur le lymphocyte T (cellule immunitaire) et annihile ses capacités de destruction de la cellule tumorale.
Dans l’étude de phase 3 Niagara, les patients qui ont reçu la combinaison chimiothérapie et immunothérapie voyaient les risques de récidive et de progression de la maladie réduits de 32 %, les risques de décès à 2 ans de 25 %.
Source : https://www.estrepublicain.fr/