JNMG 2024 – Pédiatrie : trois évolutions clés du calendrier vaccinal.
Trois principales modifications du calendrier vaccinal concernent les enfants et les adolescents en 2024 : vaccination contre le VRS, les méningocoques et les pneumocoques. Lors des Journées nationales de médecine générale (JNMG, 10 et 11 octobre 2024, Paris), le docteur Sydney Sebban (pédiatre, Paris), membre de la Commission technique des vaccinations de la Haute autorité de santé (HAS), a évoqué les éléments épidémiologiques ou immunologiques sous-jacents à ces évolutions.
Une adhésion en progression
La couverture vaccinale a progressé ces dernières années, notamment face à certains pathogènes comme le papillomavirus (HPV), où les hésitations parentales favorisant une inaction ont été contrecarrées par les campagnes de vaccination dans les collèges. Ainsi, « l’écart entre la couverture vaccinale française globale et les autres pays européens diminue. D’autres taux de couverture vaccinale ont également progressé comme ceux protégeant contre la méningite ou le rotavirus », a-t-il résumé.
Méningocoques : ne pas négliger la vaccination des adolescents
Pour mémoire, le calendrier vaccinal prévoit la vaccination du nouveau-né par le vaccin contre le rotavirus et par le vaccin hexavalent à l’âge de 2 mois (DTCaP, H influenza b, hépatite B et pneumocoque), avec un rappel à 4 et 11 mois. L’infectiologie a toutefois suggéré qu’avant la première injection, il peut être pertinent d’administrer la première dose du vaccin buvable contre le rotavirus, car « il est légèrement sucré et peut donc avoir un petit effet antalgique ».
Les vaccinations contre les méningocoques seront toutes obligatoires à partir du 1ᵉʳ janvier 2025, à la fois celle contre le méningocoque B, administrée à 3, 5 et 12 mois, et celle contre le méningocoque C, à 5 et 12 mois. Ce dernier sera remplacé par le vaccin tétravalent ACWY, lorsque ce dernier sera pris en charge par l’Assurance Maladie dans cette population (démarche en cours), via un schéma vaccinal à deux doses : l’une à l'âge de 6 mois, la seconde à 12 mois.
Chez les adolescents âgés de 11 à 14 ans, seule la vaccination tétravalente ACWY est recommandée, selon un schéma à une dose, indépendamment de leur statut vaccinal. En effet, les données épidémiologiques montrent que l’adolescent est un réservoir important dans la transmission aux personnes vulnérables (nourrisson, sujet âgé) et dans l’évolution de la répartition des sérogroupes dans le temps. Or, « l’incidence des méningites à méningocoques progresse dans cette population », a tenu à rappeler Sydney Sebban. Il poursuit en indiquant que globalement, « on observe un rebond des infections invasives à méningocoque liées au sérogroupe B au cours des années, le C ayant quasiment disparu grâce à la vaccination, et avec une émergence récente préoccupante du W provenant d’Amérique du Sud et du Y ». Cependant, le vaccin ACWY a une efficacité sur le portage : il offre donc une protection aussi individuelle que populationnelle à l’adolescent (d’où l’importance de cette vaccination). Sydney Sebban a par ailleurs souligné qu’un rattrapage ACWY est possible et peut-être intéressant jusqu’à 24 ans, car on sait que la durée de protection du vaccin ACWY serait environ de 7 à 10 ans. Pourtant, l’entrée en études supérieures, qui coïncide souvent avec une évolution dans un cadre géographique nouveau, peut le conduire à entrer en contact avec différents sérogroupes en circulation, tandis que sa protection immunitaire spécifique est en déclin. À l’inverse, le vaccin contre le méningocoque B n’a pas d’influence sur le portage, raison pour laquelle « on ne recommande pas strictement la vaccination élargie à tous les adolescents contre ce sérogroupe », en dehors des contextes spécifiques à risque. Les deux vaccins disponibles dans cette indication sont par ailleurs interchangeables.
Pneumocoques : s’adapter à l’évolution continuelle de l’épidémiologie
Les vaccins conjugués antipneumococciques (VPC) ont permis de réduire l’incidence de certains sérotypes vaccinaux (7 et 13 notamment), mais d’autres comme les sérotypes 3, 19A et 19F continuent de persister. D’autres émergent, bien qu’ayant le plus souvent une invasivité modérée. Cette évolution constante, influencée par les formulations vaccinales, conduit à une révision de ces dernières. Actuellement, des vaccins ciblant une trentaine de valences sont en développement. Cependant, on note que l’immunogénicité apportée par une formulation plurivalente est hétérogène selon les sérotypes, et que l’élargissement du spectre vaccinal peut réduire la qualité de protection conférée envers certains d’entre eux. « Il y a donc un équilibre à trouver entre les deux », a expliqué Sydney Sebban, a fortiori chez le nourrisson, qui a de moins fortes capacités à développer une immunité post-vaccinale que l’adolescent ou l’adulte.
Quoi qu'il en soit, le vaccin 15-valent (Vaxneuvance) permet cet équilibre : lorsqu’il sera disponible et pris en charge par l’Assurance maladie, il trouvera sa place en alternative au vaccin conjugué 13-valent disponible (Prevenar13) chez les nourrissons, selon les nouvelles recommandations. Le vaccin conjugué 20-valent sera réservé à l’adulte, une fois les mêmes modalités réglementaires remplies.
VRS : tous les nouveau-nés sont à risque
Finalement, le nouveau calendrier vaccinal recommande une vaccination contre le VRS (Abrysvo) de toutes les femmes enceintes entre la 32ᵉ et la 36ᵉ semaine d’aménorrhée, en amont de la période épidémique et jusqu'à la fin de cette période, afin de protéger les enfants de 0 à 6 mois. Cela permet en particulier la protection des 0-3 mois qui sont la tranche d’âge à laquelle les atteintes respiratoires sont les plus sévères et nécessitent le plus souvent une hospitalisation (sans distinction entre les enfants ayant une comorbidité et les autres).
Source : https://www.univadis.fr/ Caroline Guignot