Voici comment les maladies inflammatoires chroniques de l'intestin affectent différemment les femmes et les hommes.
Les maladies inflammatoires chroniques de l'intestin (MICI) constituent un groupe d’affections qui entraînent l’inflammation et l’ulcération graves de certaines portions du tube digestif. Une réponse immunitaire anormale serait en cause dans les deux principales formes, soit la maladie de Crohn (l’inflammation peut toucher tous les segments du tube digestif mais se localise le plus souvent au niveau de l’intestin) et la rectocolite hémorragique (l’inflammation affecte toujours la partie basse du rectum et remonte plus ou moins dans le côlon). En l’absence d’un traitement curatif, la prise en charge actuelle a pour objectif d’obtenir la disparition des symptômes et de la maintenir. La plupart des personnes atteintes ont besoin d’une médication continue voire d’une chirurgie lorsque les médicaments ne font pas effet. Ces affections, qui durent toute la vie, apparaissent généralement chez de jeunes adultes menant une vie active et par ailleurs en bonne santé. L’Inserm atteste que la France comptait 212 700 personnes prises en charge pour une MICI (60% de MC et 40% de RH) en 2015, dont 55% étaient des femmes.
Justement, la Harvard Medical School fait savoir dans un point d’informations dédié que les femmes atteintes de MICI subissent une double discrimination liée d'une part à la maladie et d'autre part au genre. « Ce n’est pas parce qu’une situation est égale qu’elle est forcément équitable. Les MICI touchent à peu près autant les deux sexes. Mais cette maladie fait clairement peser un fardeau disproportionné sur les femmes, en façonnant les symptômes, en affectant les décisions en matière de procréation et en augmentant les risques d’effets secondaires inquiétants. Diarrhée, douleurs, crampes abdominales, urgences mictionnelles, saignements rectaux, perte de poids et fatigue sont monnaie courante chez les patients. Certains ne présentent que des symptômes légers, tandis que d’autres sont confrontés à des cas beaucoup plus graves. Les personnes atteintes de la maladie de Crohn, par exemple, peuvent développer des fistules anormales en forme de tunnel entre leur côlon ou leur rectum et les tissus voisins tels que la peau, la vessie ou le vagin. », indique le Dr Rachel Winter, gastroentérologue au sein du Brigham and Women's Hospital.
Le constat est le même pour l’afa Crohn RCH France qui souligne que « la pression culturelle, qui impose à la femme un devoir de pureté, et de perfection sans quoi elle pourrait inspirer le dégoût, est une charge de plus pour celles qui souffrent de MICI. Dans leurs cas, impossible de se retenir tant le besoin d’aller aux toilettes est impérieux. En plus des symptômes lourds de la maladie, elles supportent les regards inquisiteurs de la société et le mépris de leurs maux. Comment peut-on alors prôner l’inclusion en marginalisant toute une catégorie de personnes, en taisant leur souffrance et en niant simplement une fonction corporelle vitale ? ». Preuve que des préjugés sexistes liés aux MICI existent, ces derniers ont été mis en évidence par une étude publiée en février 2023 dans le Journal of Personalized Medicine ayant révélé que les femmes atteintes ressentent davantage de détresse psychologique et ont une moins bonne qualité de vie que leurs pairs masculins. S’ajoute à cela le fait que les MICI peuvent être plus difficiles pour les femmes en raison de leurs nombreux effets spécifiques sur leur santé reproductive et globale
Source : https://www.femina.fr/