Crises sévères d’asthme : l’espoir des anticorps monoclonaux.
Un essai clinique britannique témoigne de l’efficacité des anticorps monoclonaux pour traiter les exacerbations d’asthme et de bronchopneumopathie chronique obstructive. Une avancée majeure dans la prise en charge de cette détresse respiratoire sévère, qui est essentiellement basée sur la prise de corticoïdes depuis plus de 50 ans.
Chaque année, l’asthme tue près d’un millier de personnes en France. En cause : des symptômes incontrôlés qui peuvent, par leur fréquence ou leur gravité, mettre en danger la vie des patients. Sensation d’étouffement, poids sur la poitrine, l’air circule difficilement dans les poumons : il s’agit d’une crise d’asthme, ou exacerbation. Une manifestation semblable aux poussées de bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO).
En effet, dans les deux pathologies, les voies respiratoires sont obstruées suite à une inflammation locale et un épaississement des parois des bronches. S’il s’agit bien de deux affections distinctes, aux causes différentes, leurs symptômes et leurs traitements peuvent se ressembler à plusieurs égards. Depuis des décennies, leur prise en charge passe le plus souvent par des inhalateurs qui dilatent les bronches et des corticoïdes par voie orale qui réduisent l’inflammation dans les cas d’asthme sévère (5% des asthmatiques) comme, par exemple, le prednisolone.
Mais le 21ème siècle marque un tournant dans le traitement de ces maladies respiratoires grâce aux anticorps monoclonaux. Ce sont des molécules immunitaires qui se lient aux cellules à l’origine de l’inflammation, et engendrent leur mort. On savait que leur utilisation en traitement de fond permettait de diminuer la fréquence des exacerbations sévères. Aujourd’hui, des chercheurs du King’s College (Londres) vont même plus loin en montrant que ces molécules peuvent être injectées au moment de la crise, et sont plus efficaces que le traitement classique. Leur étude, soutenue par le laboratoire AstraZeneca UK Limited, a été publiée dans la revue The Lancet Respiratory Medicine.
Adapter la molécule à son asthme
L’asthme est en réalité pluriel. Ses causes peuvent être liées à différentes cellules en fonction du patient et sont donc variables. Aujourd’hui, il est possible d’identifier individuellement la voie métabolique qui aboutit à l’inflammation, et donc de prescrire les anticorps monoclonaux adaptés. Une solution qui permet aux patients atteints d’asthme sévère de réduire leur prise de corticoïdes, qui ne sont pas anodins. Dans leur nouvelle étude, les chercheurs du King’s College ont utilisé une molécule déjà prescrite dans les cas d’asthmes sévères : le benralizumab. “Il s’agit d’un anticorps monoclonal qui cible des globules blancs spécifiques, appelés éosinophiles, pour réduire l'inflammation pulmonaire,” éclairent les scientifiques.
Les chercheurs ont divisé la cohorte en trois groupes, en fonction du traitement administré en cas d’exacerbation : l'un recevant une injection de benralizumab et des comprimés placebos, l'autre recevant le traitement standard à base de prednisolone, ainsi qu’une injection placebo et le troisième groupe recevant à la fois l'injection de benralizumab et les comprimés de prednisolone.
Résultat ? Le point d’étape 28 jours après la crise montre une amélioration significative des symptômes pour les patients ayant bénéficié d’une injection immédiate de benralizumab. "Après 90 jours, le nombre de personnes ayant échoué au traitement était quatre fois inférieur dans le groupe sous benralizumab par rapport au traitement standard à base de prednisolone", ajoute l’équipe du King’s College. Suite à cette injection, la qualité de vie des patients s’est améliorée, et les crises ont nettement diminué, rapporte l’étude. "Le benralizumab est déjà utilisé pour traiter l’asthme sévère. Nous l’avons utilisé d’une manière différente – au moment d’une exacerbation – pour montrer qu’il est plus efficace que les comprimés de stéroïdes, qui constituent le seul traitement actuellement disponible", conclut Mona Bafadhel, chercheuse principale de l’étude. Pour les scientifiques, il s’agit de cibler les patients souffrant d’asthme sévère pour leur proposer ce traitement, adapté à leur niveau d’inflammation.
Source : https://www.sciencesetavenir.fr/ Marie Parra