Santé mentale des enfants de 3 à 6 ans Santé publique France publie de nouveaux résultats de l’étude Enabee.
Santé publique France publie aujourd'hui de nouveaux résultats d’Enabee, première étude épidémiologique nationale sur le bien-être et la santé mentale des enfants de 3 à 11 ans, scolarisés en maternelle ou en élémentaire en France hexagonale.
En croisant les points de vue des parents et des enseignants, les résultats de l’étude montrent qu’un peu plus de 8% des enfants, scolarisés en maternelle, ont au moins une difficulté de santé mentale probable, de type émotionnel, oppositionnel ou inattention/hyperactivité, impactant leur vie quotidienne.
Ces résultats confirment qu’il faut dès la petite enfance - période critique du développement des enfants - renforcer les compétences psychosociales qui seront des leviers à mobiliser au bénéfice de la santé mentale. Cet objectif fait partie de la stratégie nationale multisectorielle de développement des compétences psychosociales de tous les enfants et jeunes lancée en 20221.
Ces travaux s’inscrivent dans une dynamique générale sur la santé mentale - grande cause nationale 2025, visant notamment à promouvoir une bonne santé mentale et prévenir l’apparition de troubles. Le renouvellement à intervalles réguliers de cette étude conduite par l’Agence permettra de suivre les évolutions des indicateurs de bien-être et de santé mentale des enfants au cours du temps et d’éclairer les décisions publiques nécessaires à la création, dès le plus jeune âge, d’environnements de vie favorables à leur épanouissement.
En maternelle, environ 1 enfant sur 12 concerné par au moins une difficulté de santé mentale
Basée sur un échantillon représentatif d’enfants scolarisés en France hexagonale de plus de 2 600 enfants, en combinant les points de vue des parents et des enseignants, l’étude révèle que 8,3% des enfants de 3 à 6 ans présentent au moins un type de difficultés probables de santé mentale ayant un retentissement sur leur vie quotidienne.
Plus précisément :
- 1,8% présentent des difficultés émotionnelles
- 5,9% présentent des difficultés oppositionnelles
- 1,9% présentent des difficultés d’inattention/hyperactivité
- Les garçons présentent plus de difficultés probables avec retentissement sur leur vie que les filles (11,3% versus 5,2% respectivement)
Parmi les autres points à retenir :
- Près de 13% des enfants scolarisés en maternelle ont consulté au moins une fois un professionnel de santé, au cours des douze mois précédant l’étude, pour des difficultés psychologiques ou d’apprentissage
- Environ un tiers des enfants qui présentent au moins un type de difficultés probables avec un retentissement sur leur vie quotidienne a consulté un professionnel de santé mentale au cours de l’année précédente
- Le niveau de bien-être des enfants, tel qu’estimé par les parents, peut être considéré comme bon, aussi bien pour les filles que pour les garçons
Il est à noter qu’à ces âges précoces, les difficultés de comportement ou émotionnelles peuvent évoluer rapidement et leur mesure est impactée par les perceptions et attentes des adultes répondants ; les résultats sont donc à interpréter avec prudence. Il ne s’agit pas de diagnostics cliniques, mais bien d’avoir une représentation épidémiologique des besoins des jeunes enfants dans leur ensemble. A titre individuel, en cas de difficulté, un échange avec un professionnel de santé de 1er recours peut aider les parents.
Des analyses complémentaires sont prévues pour identifier les facteurs associés à ces difficultés relatifs par exemple à l’environnement de vie de l’enfant, à sa santé ou celle de ses parents.
Ces résultats confirment également qu’il est nécessaire d’intervenir dès le plus jeune âge, pendant la petite enfance, période critique du développement et plaident pour une amélioration des dispositifs d’accompagnement en santé mentale des enfants avant l’âge de 6 ans. Santé publique France s’engage par exemple dans le déploiement des compétences psychosociales2 (CPS), un levier à mobiliser au bénéfice de la santé mentale dès le plus jeune âge. Ainsi, en 2022, l’Agence a publié un premier état des connaissances sur les CPS et un référentiel théorique, qui seront complétés début 2025 par un référentiel et des ressources opérationnels. Ces référentiels constituent un socle de connaissances sur les CPS et des supports utiles pour les formateurs CPS, afin de favoriser le développement des CPS des enfants et des jeunes. Dans le cadre de la stratégie nationale de développement des CPS copilotée par les ministères de la Santé et de l’Education nationale. Santé publique France élabore et co construit ces outils afin d’accompagner les acteurs dans les territoires et les aider à s’approprier les fondamentaux des CPS sur la base d’interventions fondées sur des données probantes. C’est ainsi qu’elle a apporté l’expertise CPS pour la construction du kit empathie de l’Education Nationale, généralisé à la rentrée 2024 dans les écoles maternelles et élémentaires.
« L’étude Enabee constitue une avancée déterminante en fournissant une première photographie de l’état de santé mentale des enfants en France. La récurrence de l’étude permettra d’avoir une meilleure compréhension de l’évolution de la santé mentale de ces populations fragiles et d’adapter au mieux la réponse à leurs besoins. La santé mentale des enfants est étroitement liée à des multiples facteurs, individuels, sociaux et structurels. Cette étude permet de les identifier et donc de cibler les facteurs pouvant l’altérer et ce, dès la petite enfance, période critique du développement des enfants.
Déclarée grande cause nationale de l’année 2025, la santé mentale est l’affaire de tous ; et pour Santé publique France, une préoccupation majeure. Prévenir l’apparition de troubles psychiques et lutter contre la stigmatisation sont des enjeux de santé publique sur lesquels nous nous engageons pleinement pour accompagner ces jeunes adultes de demain ».
Dr Caroline Semaille, Directrice générale de Santé publique France
Source : https://www.santepubliquefrance.fr/