Alzheimer, une avancée majeure : comment le xénon pourrait changer le traitement.
Et si une molécule utilisée en anesthésie devenait la clé pour contrer Alzheimer ? C’est la promesse étonnante d’une étude récente sur le gaz xénon, dont les effets protecteurs sur le cerveau ouvrent la voie à des essais cliniques chez l’homme.
Conduite par une équipe internationale et publiée dans Science Translational Medicine, cette recherche met en lumière un potentiel thérapeutique inattendu du xénon pour renforcer les défenses immunitaires du cerveau.
Le gaz xénon, un allié contre Alzheimer ?
Une équipe de chercheurs de renom a récemment mis en lumière le potentiel du gaz xénon pour lutter contre la maladie d’Alzheimer. Leurs travaux, publiés dans Science Translational Medicine, montrent que cette substance, déjà utilisée en anesthésie, peut activer les microglies, des cellules immunitaires essentielles au bon fonctionnement du cerveau. Ces cellules jouent un rôle crucial dans l’élimination des plaques amyloïdes, caractéristiques d’Alzheimer.
Dans leur étude conduite sur des modèles murins de la maladie d'Alzheimer, le xénon a réduit l'atrophie cérébrale et la neuroinflammation et améliorait les comportements de construction de nids chez les modèles murins atteints de la maladie d'Alzheimer (ce comportement chez les rongeurs est un indicateur précoce de déficits comportementaux). Le gaz induisait et augmentait également une réponse microgliale protectrice associée à l'élimination de l'amyloïde et à l'amélioration de la cognition.
L'inhalation de xénon pourrait ainsi représenter une approche thérapeutique capapble de modifier l'activité microgliale et de réduire la neurodégénérescence dans la maladie d'Alzheimer. Cette découverte offrirait ainsi un espoir pour une maladie qui touche des millions de personnes dans le monde.
Une stimulation des microglies, les "gardiennes" du cerveau
Les microglies sont des cellules immunitaires du cerveau qui éliminent les débris et plaques toxiques, comme celles formées par les protéines amyloïdes dans Alzheimer. Or, dans la maladie, leur fonction est perturbée. L’étude a révélé que le xénon, connu pour ses propriétés neuroprotectrices en anesthésie, stimule ces cellules, améliorant leur capacité à protéger les tissus cérébraux.
"C’est une découverte très novatrice qui montre que la simple inhalation d’un gaz inerte peut avoir un effet neuroprotecteur aussi profond", a déclaré le Dr Oleg Butovsky, du Ann Romney Center for Neurologic Diseases du Brigham and Women’s Hospital (BWH).
Vers des essais cliniques prometteurs
Fort de ces résultats, un essai clinique de phase 1 débutera en 2025, réunissant des patients atteints de troubles cognitifs légers, une étape précoce d’Alzheimer. Cette étude sera menée conjointement par des centres médicaux américains et britanniques, utilisant une méthode innovante d’inhalation de gaz xénon à faible dose. Alors que les premières phases de l'essai clinique sont en cours pour établir la sécurité et le dosage, l'équipe de recherche prévoit de continuer à étudier les mécanismes par lesquels le gaz xénon produit ses effets, ainsi que son potentiel pour traiter d'autres maladies telles que la sclérose en plaques, la sclérose latérale amyotrophique et les maladies oculaires qui impliquent la perte de neurones. L'équipe conçoit également des technologies permettant d'utiliser le gaz xénon de manière plus efficace et de le recycler potentiellement.
Une alternative sûre et déjà utilisée
Le xénon, un gaz rare présent naturellement dans l’atmosphère, est employé depuis longtemps comme anesthésique en raison de son profil de sécurité élevé. Contrairement à de nombreux traitements médicamenteux, il ne provoque pas d’effets secondaires majeurs et n’interagit pas avec d’autres thérapies, ce qui en fait un candidat idéal pour des applications cliniques. Les chercheurs soulignent cependant que des étapes cruciales restent à franchir avant une éventuelle approbation.
Un espoir pour des millions de patients
Alors que les traitements actuels contre Alzheimer se limitent principalement à ralentir la progression de la maladie, cette découverte suscite un véritable optimisme. "Si l’essai clinique se déroule bien, les possibilités d’utilisation du gaz xénon sont nombreuses. Cela pourrait ouvrir la voie à de nouveaux traitements pour aider les patients atteints de maladies neurologiques", conclut le Dr Howard Weiner, co-auteur et codirecteur du Centre Ann Romney pour les maladies neurologiques au Brigham and Women’s Hospital.
Source : https://www.doctissimo.fr/