Moins invasive et douloureuse que la FIV, la maturation in vitro pourrait révolutionner la PMA.
Cette technique de procréation médicalement assistée est en plein développement. Elle permet aux femmes d'absorber beaucoup moins d'hormones que lors d'un parcours de fécondation in vitro.
Après sa vingtième injection d'hormones, Kristen V. Brown a envoyé un texto à son copain. «Je vais mourir», lui a-t-elle écrit. Cette journaliste de 37 ans venait de passer une semaine à congeler ses embryons et se sentir gonflée comme un ballon. Elle a finalement décidé d'abandonner le processus de fécondation in vitro (FIV) qu'elle menait avec son partenaire pour avoir un bébé.
Lors d'un parcours de procréation médicalement assistée, la plupart des femmes doivent prendre des cocktails de médicaments deux semaines avant l'ovulation, afin de maximiser le nombre d'ovocytes pouvant être prélevés. Cette hyperstimulation ovarienne s'accompagne souvent d'une fatigue accrue, de vomissements, voire dans de rares cas de complications nécessitant une hospitalisation.
Pietro Bortoletto, endocrinologue de la reproduction et spécialiste de la fertilité exerçant à Boston (États-Unis), explique dans The Atlantic qu'il existe une technique émergente qui pourrait changer tout ça: la maturation in vitro (MIV). Elle repose sur un procédé similaire à celui d'une FIV, mais ici il s'agit de prélever des ovules immatures pour ensuite les faire mûrir en laboratoire.
Une technique porteuse d'espoir
Le premier bébé conçu par MIV est né en 1991 en Corée du Sud. Depuis, ce processus a toujours entraîné des taux de natalité plus faibles que ceux de la FIV. Toutefois, un espoir existe: de nouvelles avancées scientifiques laissent entrevoir que la MIV pourrait devenir une alternative fiable à la fécondation in vitro –du moins pour certaines patientes.
Une entreprise américaine basée au Texas, nommée Gameto, utilise des cellules souches pour reproduire ce qui peut s'apparenter à un ovaire dans une boîte de Pétri, imitant les signaux chimiques qu'un ovule recevrait dans le corps humain. Le mois dernier et pour la première fois, un bébé est né grâce à cette méthode. Au Vietnam, à l'Université de médecine de Ho Chi Minh, les chercheurs ont eux aussi mis au point une technique consistant à faire mûrir les ovules en laboratoire. Idem à Bruxelles, en Belgique, où le laboratoire Lavima Fertility travaille actuellement à la commercialisation d'une méthode de maturation in vitro. Les progrès entourant la MIV sont donc fulgurants.
Comparée à la FIV, la MIV est nettement plus douce. La récupération des ovocytes immatures ne nécessite que deux jours d'injections d'hormones. Dans certains cas, il est même possible de sauter complètement cette étape, ce qui permet d'éviter les risques d'hyperstimulation ovarienne.
De nombreuses femmes ont recours à la FIV parce qu'elles approchent de la quarantaine et qu'il leur reste peu d'ovules; elles ne seront probablement jamais de bonnes candidates à la MIV. En revanche, elle pourrait très bien fonctionner pour les patientes dont les trompes de Fallope sont obstruées, les célibataires, les personnes LGBTQ, et les jeunes femmes souhaitant congeler leurs ovules. Elle pourrait également être utile aux femmes atteintes de cancer, dont beaucoup n'ont pas le temps de subir un long cycle de FIV avant de commencer un traitement qui menace leur fertilité.
Source : https://www.slate.fr/