Anaphylaxie sévère en France : qui sont les sujets à risque ?
Une équipe montpelliéraine apporte des données françaises sur les profils des personnes plus à risque d’anaphylaxie sévère.
À retenir
- Pour la première fois, une équipe montpelliéraine apporte des données sur les profils des personnes hospitalisées ou décédées d’une anaphylaxie sévère en France.
- Les médicaments apparaissent comme déclencheurs de premier plan, en particulier pour les formes sévères.
- Les sujets âgés, ainsi que les enfants et adolescents sont plus à risque de formes sévères.
- Ces résultats doivent maintenant être pris en compte pour mettre en place des politiques de prévention et pour améliorer la prise en charge des personnes concernées, d’autant que la tendance des cas sévères semble être à la hausse.
Les réactions d’anaphylaxie n’étant pas prévisibles, l’identification des facteurs et des profils à risque paraît essentielle. L’équipe de Pascal Demoly (Montpellier) a donc entrepris de dresser le portrait des personnes à risque d’anaphylaxie sévère. À partir de la base de données du Programme de médicalisation des systèmes d’information (PMSI), l’étude a analysé les hospitalisations pour anaphylaxie sur 9 ans (2012-2021) et les facteurs de risque de ces réactions allergiques rares, dans l’objectif d’identifier les phénotypes à risque. Les cas d’anaphylaxie sévère étaient définis comme ceux ayant nécessité une hospitalisation en soins intensifs ou ayant occasionné un décès.
Le pronostic vital est engagé dans un quart des cas d’hospitalisation
Sur les 9 années étudiées, 44 638 sujets (124 780 admissions) ont été hospitalisés pour une anaphylaxie, sévère ou non, soit un taux moyen d’hospitalisation de 1,34 cas pour 100 000 personnes-années. Parmi ces sujets, les cas sévères représentaient 0,08 cas pour 100 000 personnes-années. Il faut cependant souligner que parmi les personnes hospitalisées pour anaphylaxie, un quart nécessitaient l’admission en soins intensifs ou décédaient, soulignant la gravité de cette affection.
Les médicaments le plus souvent incriminés dans les cas sévères
Pour l’ensemble des hospitalisations pour anaphylaxie, les facteurs déclenchants n’étaient pas spécifiés dans la majorité des cas, mais lorsqu’ils l’étaient, il s’agissait de médicaments dans 25,4 % des cas, d’aliments (10,5 %) ou de piqûres d’insectes (6,2 %).
Lorsque seuls les cas sévères d’anaphylaxie étaient pris en compte, le déclencheur était non spécifié dans seulement 37,7 % des cas, et lorsqu’il était connu, les médicaments apparaissaient plus fréquemment comme facteurs déclenchants (45,6 % des cas), la responsabilité des allergènes alimentaires et des piqûres d’insectes restant engagée au même niveau (9,3 % et 7,2 % des cas respectivement).
Les hommes, les sujets âgés et les jeunes plus à risque
Parmi les patients hospitalisés pour anaphylaxie, la majorité était des hommes (57 %). Mais il s’agissait le plus souvent de femmes lorsque le déclencheur était un médicament et ce, quel que soit le niveau de sévérité. La majorité des admissions concernait des sujets de 30 à 59 ans et des sujets âgés, les cas sévères étant plus fréquemment retrouvés chez les plus de 55 ans. Chez les enfants, les déclencheurs les plus fréquents étaient alimentaires et la plupart des cas d’anaphylaxie étaient retrouvés chez les adolescents (15-19 ans) et les jeunes adultes (20-29 ans). Les cas d’anaphylaxie sévère étaient très souvent liés à des allergènes alimentaires chez les enfants (5-9 ans) et à des piqûres d’insectes chez les adolescents (10-14 ans).
Source : https://www.univadis.fr/