«Va chi*r» : la campagne choc de la Ligue contre le cancer.
C'est le slogan volontairement provocant choisi pour «Mars bleu», le mois dédié à la promotion du dépistage du cancer colorectal, à réaliser chez soi tous les deux ans par les plus de 50 ans mais boudé par 75% des personnes concernées.
«Va chier» : c’est le slogan choisi cette année par la Ligue contre le cancer à l’occasion de «Mars bleu», le mois dédié au dépistage du cancer colorectal. «Vous trouvez ça choquant ?», demande la Ligue sur son site. «Nous, ce qu’on trouve choquant, c’est que le cancer colorectal soit le deuxième cancer le plus meurtrier en France avec plus de 17 000 morts par an», assène l’association. Un chiffre d’autant plus exaspérant qu’il existe un test de dépistage gratuit permettant de détecter précocement une éventuelle tumeur, avant l’apparition des symptômes. Mais actuellement, les trois quarts des personnes concernées en France ne le font pas, par désintérêt, manque de temps ou d’informations, crainte du résultat ou bien dégoût du procédé.
Certes, ce test implique les matières fécales. Mais il n’est pas question d’y mettre les mains, tout est prévu. En plus d’être très simple à réaliser, le test est totalement indolore. Il peut être fait chez soi, à toute heure du jour et de la nuit. Pour cela, il suffit de commander le kit sur internet ou de le demander en pharmacie ou à son médecin traitant. Le principe du kit est de prélever un tout petit peu de matière fécale au moyen d’un écouvillon. Après cela, il faut envoyer l’échantillon par la poste avant 24 heures afin qu’il soit analysé en laboratoire (l’envoi est gratuit). Après quelques jours, les résultats sont accessibles facilement sur un site internet dédié ou disponibles sous 15 jours par courrier.
Ce test, entièrement pris en charge par l’Assurance maladie, n’est pas destiné à tout le monde. Il s’adresse uniquement aux personnes âgées de 50 à 74 ans car près de 95 % des cas sont diagnostiqués dans cette classe d’âge. Par ailleurs, les participants ne doivent présenter ni symptômes, ni antécédents personnels ou familiaux de polype, de cancer ou de maladie touchant le côlon ou le rectum. «On recommande aux personnes qui présentent des symptômes ou des cas dans leur famille d’en discuter avec leur médecin généraliste ou un gastro-entérologue», renseigne Emmanuel Ricard, directeur de la prévention et promotion des dépistages à la Ligue contre le cancer.
Dans ce cas, la prise en charge pourrait directement passer au niveau supérieur. «Il peut y avoir des pathologies familiales, c’est pourquoi il est préconisé de réaliser une coloscopie 10 à 15 ans avant la date de détection du cancer chez leur proche», poursuit-il. Si rien n’apparaît à la coloscopie, «vous êtes tranquille pour 10 ou 15 ans et vous pouvez participer normalement à la campagne de dépistage par la suite», rassure Emmanuel Ricard. En revanche, «si on retrouve ne serait-ce qu’un polype, le suivi sera exclusivement réalisé par coloscopie». Un dépistage génétique peut également être proposé dans certains cas.
Un test positif ne veut pas forcément dire que l’on a un cancer
Comment fonctionne ce test ? Il pose sur l’utilisation d’anticorps qui permettent de détecter dans les selles d’éventuelles traces de sang invisibles à l’œil nu. Si du sang est trouvé dans les selles - ce qui est le cas dans 4% des cas -, une coloscopie doit être effectuée par un gastro-entérologue. Un test positif ne signifie par pour autant qu’il s’agit d’un cancer. Dans plus de la moitié des cas, la coloscopie ne révèle aucune anomalie, malgré la présence de sang. Dans 30% à 40% des cas, elle détecte un polype (une tumeur bénigne) et une lésion cancéreuse dans 8% des cas.
La plupart du temps, le cancer colorectal peut évoluer sans aucun symptôme perceptible. L’objectif du dépistage est donc de diagnostiquer d’éventuels patients à un stade peu évolué, voire d’éviter un cancer en détectant des polypes avant qu’ils n’évoluent en lésions cancéreuses. Ils seront enlevés lors de la coloscopie. L’intérêt est énorme, puisque ce cancer, lorsqu’il est dépisté suffisamment tôt - c’est-à-dire que la tumeur est encore relativement petite et ne s’est pas propagée loin de son point d’origine -, il se guérit dans 90% des cas.
Des barrières liées à l’éducation
S’il était effectivement réalisé par les personnes ciblées, ce test pourrait permettre d'’identifier une majorité de cancers colorectaux asymptomatiques et donc d’éviter des traitements très lourds et de nombreux décès. Environ 90% des patients pris en charge à un stade précoce guérissent de ce cancer. Pour Emmanuel Ricard, de la Ligue contre le cancer, les barrières sont essentiellement liées au mode de réalisation du test. «On nous a appris depuis l’enfance qu’il ne faut pas toucher aux matières fécales. Les gens ne sont pas opposés au dépistage par principe, mais quand on les interroge, ils disent qu’ils préféreraient un test sanguin», souligne-t-il.
Pour l’heure, le cancer colorectal reste le deuxième cancer le plus meurtrier en France. Lorsque le diagnostic se fait trop tardivement, près de la moitié des patients en meurent. Alors n’hésitez plus, commandez votre test !
Source : https://sante.lefigaro.fr/