Santé cardiovasculaire : ce rapport alarmant qui concerne 90 % des Français.
Un rapport de Santé publique France révèle que 9 Français sur 10 présentent des facteurs de risque cardiovasculaire. Avec des inégalités sociales, territoriales et de genre particulièrement marquées.
Le rapport publié aujourd'hui par Santé publique France dans un Bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH) spécial est pour le moins alarmant. Il révèle que les maladies cardio-neuro-vasculaires, deuxième cause de mortalité en France, totalisent 140 000 décès par an (plus d'un décès sur cinq). Elles sont responsables de 1,2 million d'hospitalisations de personnes adultes. Ces chiffres représentent une photographie de l'année 2022.
Parmi les pathologies qui font les plus gros dégâts arrivent en tête les cardiopathies ischémiques qui touchent 3 millions de personnes et sont responsables de l'hospitalisation de 240 000 malades et 31 000 décès. Suivent l'insuffisance cardiaque (180 000 patients hospitalisés et 25 000 décès) et les accidents vasculaires cérébraux (120 000 patients hospitalisés et 30 000 décès), ces derniers étant la première cause de mortalité cardio-neurovasculaire chez les femmes avec 18 000 décès par an.
Le rapport précise que seulement un Français sur dix présente une santé cardio-vasculaire optimale, selon une évaluation qui considère les comportements de santé (tabagisme, surpoids, activité physique, alimentation) et des facteurs de risque métaboliques (cholestérol, tension artérielle, glycémie). Ce chiffre cache de grandes inégalités sociales : seulement 4 % des adultes ayant un niveau d'éducation inférieur au baccalauréat ont une santé cardiovasculaire optimale, contre 21 % pour ceux ayant un niveau d'études supérieur.
Le rapport met également en lumière d'importantes disparités territoriales, avec une répartition inégale de l'offre de soins selon les communes, notamment en ce qui concerne les structures spécialisées comme les unités neurovasculaires ou de réhabilitation cardiaque. « L'incidence des hospitalisations pour maladies cardio-neuro-vasculaires est 30 % plus élevée dans les communes défavorisées et la différence atteint 60 % pour l'insuffisance cardiaque et l'artériopathie oblitérante des membres inférieurs (AOMI) », souligne Santé publique France.
Les inégalités de genre sont tout aussi préoccupantes. Par exemple, une augmentation de l'incidence du syndrome coronarien est observée depuis une quinzaine d'années chez les femmes de moins de 65 ans. Le tabagisme progresse, lui aussi, auprès de certaines générations de femmes. Plus inquiétant, leur prise en charge médicale est moins bonne que celle des hommes, avec pour conséquence une mortalité précoce plus élevée. Et quand l'écart s'amenuise pour ce qui est des facteurs de risque cardiovasculaire, c'est le fait d'une dégradation de la situation des femmes.
Problème, le Français, loin d'être un malade imaginaire, est au contraire un malade qui s'ignore. Près d'un hypertendu sur deux ne sait même pas qu'il souffre d'hypertension, un sur deux méconnaît son hypercholestérolémie et un diabétique sur cinq ignore qu'il souffre de diabète.
« Ce fardeau n'est pas une fatalité, la prévention doit être au cœur de nos actions pour vieillir en meilleure santé, assure le Dr Caroline Semaille, directrice générale de Santé publique France. Adopter des comportements plus favorables à la santé, diagnostiquer précocement, prendre en charge les facteurs de risque modifiables, ainsi que prévenir les complications sont autant d'actions essentielles pour réduire l'impact de ces maladies largement évitables. »
Source : https://www.lepoint.fr/