La conciliation médicamenteuse, une étape fondamentale en cancérologie.
La conciliation médicamenteuse est une mesure répandue en cancérologie hospitalière. Elle l’est beaucoup moins dans les autres domaines de soins et en médecine de ville, alors que les professionnels adhèrent tous à son principe. La Haute Autorité de Santé (HAS) la définit comme « une démarche de prévention et d’interception des erreurs médicamenteuses visant à garantir la continuité de la prise en charge médicamenteuse du patient dans son parcours de soins. Parce que les multiples points de transition majorent le risque médicamenteux, elle repose sur la transmission et le partage des informations complètes et exactes des traitements du patient entre les professionnels de santé et le patient, tout au long de son parcours ». Pour répondre à la mission que lui a confiée la Stratégie décennale de lutte contre les cancers 2021-2030, l’Institut national du cancer (INCa) a réalisé un état des lieux de cette pratique en France.
La conciliation médicamenteuse, une étape fondamentale de la prise en charge des patients cancéreux
Son rapport rappelle que le processus de conciliation suit quatre étapes :
- La recherche active d’informationssur les médicaments pris ou à prendre par le patient ;
- La réalisation d’un bilan médicamenteux, c’est-à-dire la synthèse des informations recueillies. Il vise à comparer celles-ci en fonction de leurs sources (ordonnances, entretiens avec le patient, avec les soignants, etc.) ;
- La validation de ce bilan, attestant de la fiabilité des données ;
- L’actualisation de la prescriptionet la transmission du bilan médicamenteux à l’équipe médicale qui s’occupe du patient.
La conciliation médicamenteuse fournit aux professionnels « une vision exhaustive des traitements pris par le patient, ce qui permet parmi les traitements cumulés depuis parfois de nombreuses années d’éviter les divergences, les oublis, les arrêts. » Non seulement elle autorise l’allègement des prescriptions, mais inversement elle montre une éventuelle indication de traitement non repérée ou non mise en œuvre.
Des liens ville-hôpital à développer
Actuellement, elle est hospitalo-centrée. Le plus souvent, elle est organisée par les pharmaciens hospitaliers, dont les principaux interlocuteurs sont les cancérologues. Elle est partagée avec les autres professionnels de santé hospitaliers (infirmiers, préparateurs en pharmacie, etc.). L’ensemble des professionnels est formé sur le terrain, par les pairs.
En hôpital de jour et en ambulatoire, les soins sont alternés entre la ville et l’hôpital, au rythme des protocoles de traitements anticancéreux. En pratique, la coordination ville-hôpital commence à se développer pour les patients traités par des anticancéreux oraux. Mais le pharmacien d’officine est rarement informé de l’inclusion des patients dans un protocole de traitement anticancéreux injectable administré en hôpital de jour. « Le cloisonnement de l’information entre la ville et l’hôpital entrave le développement des pratiques » et constitue la principale limite au développement de la conciliation. Les solutions numériques visent à remédier à ce problème, aussi bien celles proposées par les acteurs privés que celle fournie par Mon espace santé, qui intègre le dossier médical partagé. Celui-ci permet de conserver et de partager les documents relatifs au patient entre professionnels (avec l’accord du patient).
Une priorisation des patients inévitable
La conciliation médicamenteuse nécessite que les professionnels soient suffisamment nombreux et disposent de temps. Aussi, en pratique, la priorisation des patients est inévitable. Les choix se portent le plus souvent sur les patients âgés et polymédiqués. Mais il peut y avoir d’autres critères, comme la fréquence des interactions médicamenteuses avec certains anticancéreux (par exemple, les inhibiteurs des tyrosines kinases), l’existence d’un traitement anticoagulant ou d’une pathologie demandant une surveillance particulière (insuffisance rénale ou insuffisance hépatique, par exemple). Au total, les pratiques de priorisation sont hétérogènes, les établissements de santé mettant au point des méthodes adaptées à leur organisation.
En conclusion, en cancérologie la conciliation médicamenteuse est une étape fondamentale de la prise en charge des patients. Hospitalo-centrée, elle gagnerait à se développer en direction des soins de ville.
Source : https://www.univadis.fr/