Cataracte, canal carpien : plus rapide, moins stressant - ces nouvelles technologies qui permettent de subir une chirurgie hors bloc opératoire.
Le parcours de soins en chirurgie est en passe de connaître une nouvelle révolution. La première date des années 1990, quand la chirurgie ambulatoire a réduit le temps d’hospitalisation après intervention à moins de 12 heures, sans hébergement de nuit. L’actuelle va jusqu’à éliminer, dans certains cas, le passage au bloc opératoire traditionnel. Grâce aux progrès de l’anesthésie locale, les chirurgiens peuvent désormais réaliser leurs actes les plus simples dans des salles de soins spécifiques, sans présence d’anesthésistes, ni d’infirmiers anesthésistes. Pour le patient, c’est plus rapide et moins stressant : inutile d’être à jeun, ni de quitter ses vêtements de ville (une sur-blouse suffit). Une chirurgie de la cataracte ou du canal carpien devient alors aussi simple que la pause d’un implant dentaire. Quant à l’établissement hébergeur, il libère du personnel et surtout des blocs opératoires pour des interventions plus complexes. Aujourd’hui, deux types de prise en charge hors bloc se développent, préfigurant la chirurgie de demain. Explication.
C’est quoi ? Derrière le terme Office surgery, ou "chirurgie en cabinet" en français, se cachent des actes chirurgicaux simples réalisés par un chirurgien, sous anesthésie locale, qui ne nécessitent pas de surveillance post-opératoire. Attention : par cabinet, il faut entendre une “salle de soins” et non un “cabinet médical de ville”. Aux États-Unis, la pratique est déjà courante. En France, elle n’en est qu’à ses débuts, mais elle se développe rapidement. Il faut dire que le circuit du patient est ultra-court. En général, il se passe moins de deux heures entre son arrivée à l'hôpital et sa sortie. (...)
Quels sont les actes concernés ? L’indication phare aujourd’hui est la chirurgie du canal carpien. "L’intervention est la même que celle réalisée au bloc, sous anesthésie régionale et échographie, explique le Dr Olivier Marès, chirurgien orthopédiste responsable du service de chirurgie ambulatoire du CHU de Nîmes. Ce qui change, c’est la prise en charge." D’autres actes chirurgicaux de la main et de l'avant-bras peuvent également être effectués, comme l’ablation des tendinites du coude (épicondylites) ou la libération des doigts à ressaut, de même que certains actes de gynécologie, comme l’hystéroscopie diagnostique ou interventionnelle (biopsie ou ablation de petites lésions). En fait, cette chirurgie pourrait concerner 5 à 40 % des actes de toutes les spécialités, sauf la chirurgie cardiaque et la chirurgie thoracique.
Où se faire opérer ? Nîmes, Montpellier, Toulouse, Paris, Versailles ou même Avranches… De plus en plus d’établissements proposent cette nouvelle pratique, essentiellement pour le canal carpien. En France, l’Office surgery est surtout réservé aux hôpitaux publics et aux cliniques privées. Les chirurgiens libéraux ne disposent actuellement ni du cadre juridique, ni de la prise en charge financière (cotation de l’acte et remboursement de la sécurité sociale), pour réaliser ce type d’interventions en cabinet de ville.
Le Surgicube : un fauteuil chirurgical sous air stérile
C’est quoi ? Cube opératoire en français, le Surgicube est une petite unité d’opération, dédiée aux interventions chirurgicales légères sous anesthésie locale, dans une ambiance stérile. "Il reproduit l’environnement du bloc opératoire, en générant un flux d’air ultra-pur au niveau de la zone opératoire, ce qui permet d’obtenir une salle propre de classe ISO 5, soit plus que la plupart des blocs conventionnels", indique le Pr Bahram Bodaghi, chef du service d'ophtalmologie du CHU de La Pitié-Salpêtrière (Paris), propriétaire de deux de ces cubes. Le module, peu encombrant, peut être placé dans une simple salle de soins. Comme en Office surgery, le parcours du patient est simplifié et extrêmement rapide (2 à 3 heures tout compris).
Quels sont les actes concernés ? Le Surgicube peut remplacer la salle d’opération pour toutes les chirurgies réalisées sur de petites surfaces. Son environnement stérile le rend particulièrement intéressant en ophtalmologie, notamment pour traiter la cataracte, seule indication pour laquelle son utilisation est, pour l’instant, autorisée en France. "Plus de 80 % des opérations de la cataracte pourraient être effectuées ainsi", assure le Pr Bodaghi, dont le service a déjà réalisé plus de 3.000 interventions de ce type. "La sélection des patients se fait en consultation et les contre-indications sont très rares", poursuit le spécialiste. À terme, le cube opératoire pourrait s’ouvrir à d’autres disciplines (ORL, orthopédie, dermatologie, esthétique…).
Où se faire opérer ? Seuls quelques établissements hospitaliers sont équipés. L’hôpital de la Fondation Adolphe Rothschild (Paris) a été le premier en France à l’utiliser, rejoint en 2021 par celui de la Pitié-Salpêtrière (Paris) et en 2023 par celui de Châteaudun (Eure-et-Loir). La cadence devrait s’accélérer dans les mois à venir car de nombreux hôpitaux ont déposé des demandes d’accréditation un peu partout en France.
La qualité des soins est meilleure qu'en ambulatoire
"Dans notre CHU, nous avons mené une étude sur les différents modes de prise en charge du canal carpien, qui confirme l’intérêt pour le patient de la chirurgie en cabinet : nous n’avons enregistré aucune infection associée à cette pratique et même une sécurité de l’anesthésie locale supérieure à celle de l’anesthésie locorégionale réalisée en bloc ambulatoire. Quant à la qualité des soins, elle est meilleure qu'en ambulatoire : la satisfaction globale des patients est de 9,7/10 pour le circuit en cabinet contre 8,3/10 pour le circuit ambulatoire."
Source : https://fr.style.yahoo.com/