Quelle est cette infection souvent négligée qui pourrait augmenter le risque de cancer du col de l'utérus et de la vessie ?
Une nouvelle étude a révélé qu'une infection parasitaire «souvent négligée», déjà liée au cancer de la vessie, pourrait également augmenter les risques de contracter un cancer du col de l’utérus.
La «schistosomiase» est une maladie parasitaire que l’on peut attraper notamment dans les zones tropicales et subtropicales où l'eau propre et les installations sanitaires adéquates font défaut, et qui aurait déjà touché plus de 110 millions de personnes dans le monde, selon l'Organisation mondiale de la santé.
D’après une nouvelle étude publiée par des chercheurs de l'hôpital universitaire de Zurich, une souche particulièrement nuisible de cette maladie pourrait augmenter les risques de cancer de la vessie et du col de l’utérus, même longtemps après sa disparition dans le corps, rapporte The New York Post.
baignade dans de l'eau contaminée
Selon les scientifiques, l’infection se déclare généralement lorsque des larves microscopiques pénètrent dans la peau lors d'une baignade dans de l'eau contaminée. Une fois à l'intérieur du corps, les larves se transforment en vers adultes qui pondent des œufs dans les voies urinaires et reproductives. Ces œufs déclenchent une inflammation chronique, endommagent les tissus et provoquent des changements cellulaires qui peuvent parfois conduire au cancer de la vessie. Mais leur impact sur le col de l'utérus est resté largement mystérieux, jusqu'à présent.
Dans une nouvelle étude, les chercheurs ont analysé des échantillons de tissu cervical de 39 femmes tanzaniennes, dont certaines infectées par la maladie et d'autres non. Les femmes infectées ont été traitées au praziquantel, un médicament qui tue les vers adultes, et des échantillons ont été prélevés avant et 4 à 12 mois après le traitement. En étudiant ces échantillons, l'équipe de scientifiques a identifié neuf gènes qui se comportaient différemment chez les femmes infectées et non infectées.
«Les résultats suggèrent que l'infection peut déclencher des changements moléculaires qui rendent les femmes plus vulnérables aux processus liés au cancer du col de l'utérus», a déclaré Anna Maria Mertelsmann, chercheuse à l'hôpital universitaire de Zurich et à la Weill Cornell Medicine, qui a dirigé l'étude. Elle a recommandé que les femmes chez qui l’infection a été diagnostiqué fassent l'objet d'une surveillance étroite afin de déceler les signes précoces d'anomalies susceptibles d'entraîner un cancer.
Suivi attentif après le traitement
Autre singularité : chez les femmes dont l'infection a disparu après le traitement, les chercheurs ont identifié 23 gènes modifiés, tandis que 29 gènes différaient entre celles qui avaient été traitées et celles qui n'avaient jamais été infectées. «Notre recherche montre que les femmes qui ont reçu un traitement au praziquantel présentaient plus de changements génétiques que celles qui avaient une infection active», a déclaré la chercheuse. «Cela soulève des questions cruciales sur les effets à long terme du traitement et souligne la nécessité d'un suivi attentif après le traitement», a-t-elle poursuivi.
Bien que le praziquantel soit le traitement de première intention pour ce type d’infections, Anna Maria Mertelsmann a suggéré que des thérapies supplémentaires, telles que des traitements anti-inflammatoires ou immuno-modulateurs, pourraient aider à contrecarrer les effets nocifs observés après la prise du médicament. Cette recherche n'est que le début de la découverte du rôle que pourrait jouer l’infection dans le cancer du col de l'utérus. Une étude plus vaste portant sur 180 femmes pendant 12 mois est déjà en cours pour confirmer les résultats.
Des mesures simples pour se protéger
Si ce ver parasite ne se rencontre généralement pas en Europe ou aux États-Unis, il est courant dans certaines régions d'Afrique et du Moyen-Orient. Si vous voyagez dans des régions où la maladie est répandue, vous pouvez prendre quelques mesures simples pour vous protéger. Tout d'abord, évitez de nager, de vous baigner ou même de tremper les pieds dans des plans d'eau douce comme les lacs, les rivières ou les étangs. Préférez les piscines chlorées ou l'océan, qui sont généralement considérées comme sûrs.
Par ailleurs, traitez toujours l'eau provenant de sources naturelles avant de la boire. Vous pouvez la faire bouillir, la filtrer ou la laisser reposer pendant plus de 24 heures pour réduire le risque d'infection.
Source : https://www.cnews.fr/