Le chemsex, une pratique à haut risque.
Le terme « chemsex » désigne l’utilisation de substances psychoactives pour améliorer ou prolonger les expériences sexuelles. Cette pratique est surtout le fait de personnes bisexuelles, d’hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes et de personnes homosexuelles (c’est-à-dire s’identifiant comme telles). Un article du site The Conversation fait le point sur le sujet.
Les substances les plus couramment utilisées sont la méthamphétamine, la méphédrone (4-Methylmethcathinone – 4MMC), la kétamine, l’acide gamma-hydroxybutyrique (GHB, communément appelé « squirt ») ou le GBL (gamma-butyrolactone). Elles sont souvent administrées par auto-injection intraveineuse.
De nombreux risques
Les risques liés au chemsex sont nombreux.
- Risques liés à l’injection intraveineuse.
- Augmentation des comportements sexuels à risque, notamment la multiplicité des partenaires, parfois pendant des périodes prolongées. Ces comportements favorisent les contaminations par le VIH (virus de l’immunodéficience humaine) et les autres IST (infections sexuellement transmissibles).
- Dégradation de la santé mentale (sentiment fréquent de stigmatisation, de solitude, de culpabilité, fatigue mentale, idées suicidaires, comportement agressif, voire psychose).
- Intoxication aiguë (overdose). En particulier, le GBL peut entraîner des convulsions, une perte de conscience (appelée « G-hole » par les usagers familiers de ce produit) et une dépression respiratoire, avec un risque de décès.
- Dépendance à long terme vis-à-vis de la substance utilisée.
La nécessaire formation des professionnels de santé
Les auteurs de l’article insistent sur le fait que les personnes pratiquant le chemsex se sentent souvent incomprises et mal accompagnées, notamment par les professionnels de santé. Ils notent plusieurs barrières à l’accès aux soins de ces personnes.
- Le jugement péjoratif et « le manque de compétence culturelle » des professionnels de santé vis-à-vis des pratiques sexuelles et de la consommation de drogues de ces personnes. Cette méconnaissance culturelle est doublée d’un manque d’information sur les effets des substances, et notamment sur les situations d’urgence liées aux surdoses d’amphétamines, de GHB et de GBL.
- Le cloisonnement des soins en spécialités qui ne communiquent que très peu entre elles.
- Le risque de poursuites judiciaires.
Une question de santé publique
En conséquence, les auteurs plaident pour des interventions coordonnées en direction des personnes pratiquant le chemsex. Il faut noter qu’en France, l’association Aides et la Fédération Addiction ont publié un guide « Aller vers les chemsexeurs ». Ils plaident également pour le renforcement des stratégies de réduction des risques, actuellement « sous-développées ». Elles peuvent notamment s’effectuer en ligne ou sous forme de thérapies de groupe. Ils soutiennent que « les politiques de santé devraient aborder la consommation de drogues comme un problème de santé et non comme un crime ». Le soutien entre pairs doit être encouragé, notamment pour partager les informations sur les risques et les accompagnements existants.
En somme, il faut aborder le chemsex comme une question de santé publique, dans laquelle « l’éducation, la réduction des risques et l’empathie sont essentielles pour parvenir à des solutions réelles et durables ».
Source : https://www.univadis.fr/