10 gouttes, 12 cancers : un test sanguin basé sur l’IA atteint une précision record (et ça pourrait tout changer).
En France comme ailleurs, le cancer reste l’un des fléaux majeurs de santé publique. Deuxième cause de mortalité dans l’Hexagone, il est responsable de près de 150 000 décès chaque année. Pourtant, dans de nombreux cas, un diagnostic plus précoce aurait pu tout changer. C’est précisément sur ce terrain que des chercheurs britanniques s’apprêtent à bouleverser la donne avec un nouveau test sanguin.
Un test sanguin qui traque 12 cancers… en quelques gouttes
Mis au point par l’Université de Southampton en collaboration avec la startup de biotechnologie Xgenera, le test baptisé miONCO-Dx ne nécessite que 10 gouttes de sang pour détecter jusqu’à 12 cancers différents, parmi les plus meurtriers : poumon, sein, ovaire, intestin, pancréas, cerveau…
Comment est-ce possible ? Grâce à l’intelligence artificielle, qui analyse les microARN présents dans le sang — de minuscules fragments génétiques libérés dans la circulation sanguine par les cellules cancéreuses, parfois bien avant que les premiers symptômes n’apparaissent.
Selon les premiers résultats, le test aurait affiché un taux de précision impressionnant de 99 % lors d’essais menés sur 20 000 patients. Une seconde phase, cette fois en conditions cliniques réelles, est actuellement en cours sur 8 000 patients au sein du National Health Service britannique (le système de santé publique du Royaume-Uni).
Une révolution dans la détection, une chance de survie décuplée
Pourquoi ce test suscite-t-il autant d’espoir ? Parce que la détection précoce est le facteur numéro un pour améliorer les chances de survie. Prenons l’exemple du cancer colorectal, l’un des plus fréquents en France : détecté à son tout premier stade, neuf patients sur dix en réchappent. Mais ce chiffre tombe à un sur dix une fois le cancer à un stade avancé.
Autrement dit, chaque jour gagné dans le diagnostic est potentiellement une vie sauvée. Avec miONCO-Dx, on envisage un dépistage rapide, simple, indolore, et surtout répétable à grande échelle, sans devoir recourir systématiquement à des examens lourds comme les coloscopies ou les biopsies.
Une IA qui voit ce que l’œil humain ne peut pas détecter
Le secret de cette prouesse réside dans les algorithmes d’apprentissage automatique développés pour interpréter les données génétiques. L’intelligence artificielle utilisée ne se contente pas de dire « oui ou non » au cancer : elle peut aussi indiquer dans quelle partie du corps la tumeur est localisée, un gain de temps énorme pour orienter les soins.
De plus, cette technologie permettrait de réduire la pression sur les hôpitaux, en évitant des examens coûteux et parfois inutiles, tout en offrant un dépistage préventif à large échelle, y compris en médecine de ville.
Une innovation portée par un héritage militant
L’arrivée de miONCO-Dx coïncide avec l’ouverture au Royaume-Uni du laboratoire Bowelbabe, en hommage à Dame Deborah James, une journaliste et militante décédée d’un cancer de l’intestin à l’âge de 40 ans. Grâce à sa campagne de sensibilisation, elle a permis de lever plus de 7,5 millions de livres sterling pour la recherche.
Son combat inspire aujourd’hui la mise en place de ce laboratoire dédié à la détection précoce du cancer colorectal, mais aussi à l’accélération de technologies comme miONCO-Dx.
Et en France ?
Bien que ce test soit pour l’instant développé et testé outre-Manche, il suscite déjà l’intérêt de la communauté scientifique internationale. Si les résultats de l’essai clinique en cours confirment les promesses initiales, on peut espérer une diffusion européenne rapide, et pourquoi pas une intégration dans les programmes de dépistage en France dans les années à venir.
Source : https://sciencepost.fr/