Le vaccin contre le zona réduit le risque de maladies cardiovasculaires jusqu’à 8 ans !
Et si une simple piqûre contre le zona protégeait aussi votre cœur ? Une vaste étude révèle un effet inattendu et prometteur du vaccin chez les plus de 65 ans.
Le vaccin contre le zona n’a pas fini de surprendre. Connue pour prévenir une douloureuse éruption cutanée liée à la réactivation du virus varicelle-zona, cette injection pourrait désormais aussi devenir un allié du cœur. C’est ce que révèle une étude observationnelle de grande ampleur menée sur plus de 1,2 million de personnes âgées de 65 ans et plus aux États-Unis. Selon ses auteurs, la vaccination réduirait significativement le risque de maladies cardiovasculaires majeures pendant plusieurs années.
Publiée dans le European Heart Journal, cette étude retentissante s’appuie sur six ans de données de suivi. Elle suggère que les effets bénéfiques du vaccin ne se limitent pas à la prévention du zona. Elle interroge aussi la manière dont certaines infections pourraient fragiliser le système cardiovasculaire – et comment la prévention vaccinale pourrait changer la donne.
"En plus de l’éruption cutanée, le zona a été associé à un risque plus élevé de problèmes cardiaques. Nous voulions donc savoir si la vaccination pouvait réduire ce risque" précise le professeur Dong Keon Yon de la faculté de médecine de l'université Kyung Hee, à Séoul, en Corée du Sud.
Le zona, une infection virale aux conséquences parfois inattendues
Le zona est provoqué par la réactivation du virus de la varicelle, souvent des décennies après une primo-infection survenue dans l’enfance. L’éruption cutanée douloureuse qu’il provoque n’est que la partie visible de l’iceberg. Chez les personnes âgées, cette infection peut aussi entraîner des complications neurologiques ou ophtalmiques. Mais un autre danger, plus insidieux, menace : l’augmentation du risque cardiovasculaire.
Des travaux antérieurs avaient déjà pointé un lien entre le zona et un sur-risque d’accident vasculaire cérébral ou d’infarctus. Ce lien tiendrait notamment à la réponse inflammatoire intense déclenchée par l’infection, capable de déstabiliser les plaques d’athérome dans les artères. Le nouveau vaccin sous-unitaire recombinant (RZV), plus efficace et plus sûr que son prédécesseur à virus vivant atténué, est aujourd’hui recommandé en priorité aux personnes de 65 ans et plus.
Une baisse marquée du risque d'infarctus, d'AVC et d'insuffisance cardiaque
L’étude a suivi plus de 1,2 million de personnes âgées, avec un suivi médian de six ans. Après ajustement statistique, les chercheurs ont observé des résultats très significatifs : les personnes vaccinées contre le zona présentaient en moyenne un risque cardiovasculaire global réduit de 23 % par rapport aux non-vaccinés. Cette protection s’étendait à de nombreuses pathologies cardiaques.
- Une baisse de 26 % du risque d’événements cardiovasculaires majeurs (infarctus, AVC ou décès d’origine cardiaque) ;
- Une réduction de 26 % du risque d’insuffisance cardiaque ;
- Une diminution de 22 % du risque de maladie coronarienne (touchant les artères du cœur).
L’effet protecteur était particulièrement marqué deux à trois ans après l’injection, mais il persistait jusqu’à huit ans. L’étude souligne aussi un impact plus prononcé chez les hommes, les moins de 60 ans, et les personnes issues de milieux modestes ou vivant en zone rurale.
Selon Dong Keon Yon, chercheur principal, "Notre étude suggère que le vaccin contre le zona pourrait contribuer à réduire le risque de maladie cardiaque, même chez les personnes sans facteurs de risque connus. Cela signifie que la vaccination pourrait offrir des avantages pour la santé au-delà de la prévention du zona".
Une protection cardiovasculaire encore à élucider
Comment expliquer cet effet inattendu du vaccin contre le zona sur le cœur ? Plusieurs hypothèses émergent, sans qu’une seule ne fasse consensus. La plus évidente : en évitant une infection virale inflammatoire intense, on épargne au cœur un stress aigu susceptible de précipiter une crise cardiaque ou un AVC. D’autres pistes suggèrent que le vaccin pourrait moduler plus largement la réponse immunitaire de l’organisme, limitant l’inflammation chronique responsable de la progression de l’athérosclérose.
Cette étude ne prouve pas de lien de causalité direct, mais ses résultats sont jugés suffisamment solides pour peser sur les recommandations vaccinales. D’autant plus que le zona est lui-même considéré comme un facteur déclenchant potentiel de pathologies cardiovasculaires, particulièrement dans les six premiers mois suivant l’épisode.
Le professeur Yon et ses collègues prévoient également d’étudier l’impact du vaccin recombinant pour voir s’il présente des avantages similaires pour réduire les maladies cardiaques.
En France, la vaccination contre le zona est désormais recommandée à l’ensemble des personnes âgées de 65 ans et plus, selon le dernier calendrier vaccinal publié en 2024.
Source : FJ
