Près de la moitié des Français confrontés à l’errance médicale.
Publié le 25 février 2025, un sondage d’OpinionWay sur l’errance médicale réalisé auprès de 1072 personnes montre que 47 % d’entre elles ont déjà été confrontées à cette situation, dont 30 % pour elles-mêmes et 21 % à travers un proche. « Il n’existe pas de définition précise de l’errance médicale. Dans le questionnaire, nous l’avons désignée comme une période durant laquelle il est difficile d’obtenir un diagnostic clair ou des soins appropriés à sa situation de santé, ce qui conduit souvent à une recherche prolongée de réponses et de traitements adaptés », explique le Dr Julien Schemoul, rhumatologue et directeur scientifique de MedInTechs, un salon sur l’innovation en santé qui a réuni citoyens, médecins et entrepreneurs au Parc Floral de Paris.
Les femmes et les ruraux davantage touchés
36 % des sondés ont déjà attendu plus de six mois pour obtenir un rendez-vous médical, alors que leur besoin était urgent, dont 17 % plusieurs fois. Parmi les personnes touchées par l’errance médicale, les femmes sont plus nombreuses que les hommes à signaler des difficultés : 49 % contre 44 %. Les habitants des zones rurales sont 35 % à être concernés, contre 25 % pour ceux qui vivent dans les grandes agglomérations, hors région parisienne. 38 % des sondés disent avoir rencontré des difficultés à accéder à un parcours de soins adapté, plus particulièrement les actifs (44 %) et les parents (47 %). De leur côté, 48 % des Franciliens signalent des difficultés à accéder ou suivre un parcours de soins adapté, contre 38 % en moyenne nationale. 89 % des répondants estiment que certaines spécialités souffrent d’une pénurie de praticiens, rendant l’accès aux soins plus difficile. Ce chiffre grimpe à 92 % chez les personnes ayant vécu une situation d’errance pour elles-mêmes.
Répercussions sur la santé mentale
« Ces situations ont des conséquences importantes, en particulier sur l’aspect psychologique », souligne le Dr Schemoul. Ainsi, 75 % des personnes interrogées craignent que l’errance médicale ait des conséquences psychologiques ou relationnelles et 47 % évoquent des répercussions sur leur santé mentale, un chiffre qui grimpe à 54 % chez les femmes. Par ailleurs, 43 % redoutent des difficultés financières ou professionnelles. Ainsi, 26 % des 25-34 ans craignent de perdre leur emploi. De plus, 43 % des sondés redoutent un recours inadapté aux médicaments.
Néanmoins, ces craintes n’empêchent pas une confiance élevée envers les professionnels de santé. Ainsi, seulement 25 % des patients en situation d’errance feront davantage confiance à un auto-diagnostic plutôt qu’à un diagnostic établi par un médecin et seulement 23 % ont déjà cessé de consulter par manque de confiance.
Nomadisme médical et médecines alternatives
Dans la recherche de solutions face à l’errance, 62 % des patients sont prêts à sortir du parcours classique. Ainsi, 31 % vont entrer dans un nomadisme médical, tandis que 22 % vont plutôt se tourner vers des médecines alternatives et 13 % rejoindre des communautés de patients en ligne. 8 % envisagent de voyager à l’étranger pour consulter un spécialiste et 6 % à se procurer des médicaments ou dispositifs médicaux non approuvés en France via des plateformes internationales.
Enfin, 26 % des répondants se disent prêts à recourir à des ressources numériques (partage de données, diagnostic en ligne) en cas d’errance. 43 % des sondés estiment que les médecins devraient s’appuyer davantage sur l’intelligence artificielle (IA) pour accélérer le diagnostic et le traitement, mais 9 % seulement feraient confiance en direct à une IA pour le diagnostic et 7 % seulement pour le traitement.
« Les patients attendent beaucoup des nouvelles technologies, mais plus comme support des médecins, même si c’est moins vrai chez les plus jeunes », constate le Dr Schemoul. Pour lui, « les citoyens en errance médicale sont une population à part entière, sans doute sous-estimée. Il faudrait pouvoir les prendre en charge pour leur fournir un accompagnement adapté, afin de casser le plus tôt possible le cycle d’errance qui risque de mener à une surconsommation de soins et à des troubles psychologiques », estime-t-il.
Source : https://www.univadis.fr/