Le virus flambe dans plusieurs pays : et si la prochaine pandémie était portée par le moustique ?
Et si le Covid-19 n’avait été qu’un avertissement ? Selon certains scientifiques, l’hypothèse d’une pandémie de fièvre jaune n’est pas si improbable. Pourtant, cette maladie est loin d’être nouvelle. Identifiée depuis des siècles et dépendante d’un vecteur pour sa transmission, les moustiques, la fièvre jaune n’en reste pas moins une menace croissante, malgré l’existence d’un vaccin. En cause : une série de facteurs combinés qui fragilisent les défenses sanitaires mondiales.
Longtemps associée aux zones tropicales reculées, la fièvre jaune refait surface avec une intensité préoccupante. Selon l’Organisation mondiale de la santé, en 2013 déjà, plus de 84 000 cas graves et 29 000 décès étaient recensés. La situation actuelle est tout aussi alarmante. En Colombie, 85 cas ont été enregistrés entre 2024 et 2025, dont 38 mortels, un record depuis deux décennies, selon les chiffres du ministère de la santé colombien relayés par le magazine colombien, Semana. L’état d’urgence sanitaire a été déclaré et une campagne de vaccination massive lancée dans l’urgence. L’Équateur, le Panama, le Costa Rica ou encore le Nicaragua ont également réagi face à cette résurgence.
Si la maladie demeure endémique en Amazonie, elle s’étend vers les zones urbaines, souligne Courrier international. Or, ces dernières réunissent toutes les conditions propices à une propagation rapide : densité humaine élevée, infrastructures insuffisantes, présence massive de moustiques vecteurs. Comme le rappelle un article de la revue scientifique Nature npj Viruses , les mégapoles tropicales modernes sont désormais connectées par des flux de voyageurs « par lesquels transitent chaque année des milliards de personnes », rendant la transmission secondaire particulièrement redoutée.
Des moustiques en embuscade
La menace tient à deux moustiques en particulier : Aedes aegypti, vecteur principal en ville, et Haemagogus, son équivalent forestier, dont Courrier International dresse le portrait. L’insecte, méconnu mais redoutable, est au cœur des épidémies de fièvre jaune selvatique qui se multiplient au Brésil depuis quelques années. En 2017, il avait déjà causé 246 décès dans le pays. « Il est plus beau qu’un papillon », plaisantait Ricardo Lourenço de Oliveira, entomologiste à la Fondation Oswaldo Cruz, auprès du Courrier International en 2018. Mais il est surtout capable de transmettre le virus à des singes, puis aux humains, et de parcourir plusieurs kilomètres en quête d’hôtes.
Une couverture vaccinale insuffisante
Malgré l’existence d’un vaccin conférant une immunité à vie, la couverture vaccinale demeure très inégale. Les auteurs de npj Viruses pointent une « faible couverture vaccinale », notamment dans les zones rurales et les villes secondaires. Ils craignent des risques de pandémie, pointe le magazine GEO. La déforestation, la croissance démographique, le changement climatique et les migrations facilitent la circulation du virus et de ses vecteurs. « Le virus ne cesse de se déplacer », alertait déjà en 2018 Ricardo Lourenço de Oliveira.
Vers une pandémie évitable ?
Le scénario redouté est simple : un voyageur infecté de retour d’Afrique ou d’Amérique du Sud est piqué en Asie ou dans le Pacifique, où vivent plus de deux milliards de personnes exposées à des moustiques vecteurs. Le virus s’y implanterait alors pour la première fois, déclenchant une pandémie difficile à contenir, explique GEO.
Pour éviter cette catastrophe annoncée, les experts préconisent une réponse musclée : intensification des campagnes de vaccination, surveillance accrue, développement de nouveaux outils pour la lutte antivectorielle. La prévention reste la meilleure arme. « Une épidémie de fièvre jaune dans la jungle du Darién et en zone urbaine serait catastrophique », prévient Blas Armién, le chef de service épidémiologie du ministère de la Santé panaméen
Source : https://www.ouest-france.fr/