Cancers : pourquoi les Réunionnais ne se font-ils pas suffisamment dépister ?
Cancer du sein, cancer colorectal, cancer du col de l’utérus, pour des mêmes pathologies, les Réunionnais meurent plus tôt que dans l’Hexagone. Plus précaires, ils sont aussi moins nombreux à répondre aux campagnes de dépistage organisées.
Bien que l’île bénéficie de la plus forte densité de médecins généralistes de France, La Réunion fait face à des inégalités en matière de santé, notamment dans la prise en charge précoce des cancers. En cause, les Réunionnais les plus démunis ne se font pas suffisamment dépister.
Plus les cancers sont dépistés tôt, mieux les patients peuvent être pris en charge, une évidence qui ne suffit pourtant pas à inciter les Réunionnais à prendre régulièrement rendez-vous pour se faire dépister.
Cancer du sein, cancer colorectal, cancer du col de l’utérus sont trois pathologies parmi les plus fréquentes et les plus mortelles, pouvant être détectées dans le cadre de dépistages organisés à l’échelle nationale.
Le point de situation de l’ARS et de l’Assurance Maladie, présenté ce mardi matin, révèle un taux de participation aux campagnes de prévention particulièrement bas à La Réunion et bien en deçà des objectifs fixés par les autorités de santé. À titre indicatif, pour le cancer colorectal, le taux de participation à la campagne de dépistage organisée est de seulement 29,5 % pour un objectif de 65 % ; pour le sein, ce taux est de 46,5 % pour un objectif de 70 %, d’après les données de Santé publique France.
Des chiffres aux conséquences directes sur les décès prématurés à La Réunion.
Le retard de diagnostic réduit fortement les chances de guérison, et les personnes atteintes de ces cancers à La Réunion décèdent plus fréquemment que celles de l’Hexagone. Cela se mesure : les taux de survie à 5 ans sont de 81 % pour le cancer du sein, contre 88 % en France hexagonale, et de 57 % pour le cancer du côlon et du rectum, contre 63 % dans l’Hexagone.
Les deux raisons les plus souvent évoquées pour ne pas effectuer un frottis, une mammographie ou un dépistage du côlon-rectum sont la peur de la douleur de l’examen et l’absence de sentiment de risque génétique. Face à ces deux arguments, « rien ne vaut la vie », souligne Véronique Técher, bénévole Asetis.re et en rémission d’un cancer du sein.
Le public cible de ces campagnes de dépistage, qui pourraient potentiellement leur sauver la vie, est un public précaire, confronté à des difficultés financières et pour qui « la priorité n’est malheureusement pas la santé », indique le directeur de l’ARS, précisant que la participation est encore moindre dans l’Est de l’île.
Face à ce constat, l’Assurance Maladie et l’ARS déploient différentes actions pour sensibiliser la population à l’importance du dépistage des cancers.
En plus des rappels d’invitation aux dépistages, une plateforme téléphonique nationale est mobilisée pour accompagner les publics les plus fragiles et les plus éloignés du système de santé. L’ARS déploiera également prochainement des médiateurs santé dans des agences France Service ciblées et entame une sensibilisation auprès des professionnels de santé.
Source : https://www.zinfos974.com/ SF