Endométriose : un test salivaire pour détecter la maladie en 15 jours, une vraie avancée pour les femmes à La Réunion.
Un test salivaire – intégralement remboursé -, pouvant détecter l'endométriose va être expérimenté au CHU de La Réunion (site nord et sud). Une avancée scientifique pour une maladie qui touche une femme sur dix à La Réunion et qui nécessite en moyenne plus de sept ans à être diagnostiquée .
Parmi les centres hospitaliers retenus pour cette expérimentation, le CHU de La Réunion. "Les patientes éligibles pour participer à cette étude dans ces deux centres (nord et sud) pourront bénéficier du test", indique le Docteur Tran Phuong Lien, maître de conférences et praticien au service de gynécologie obstétrique du CHU Sud.
Toutefois, "il n'y a pas de nombre défini par région", explique Norbet Nabet, représentant de Ziwig - société de biotechnologie lyonnaise qui développe ce test. "Toute femme correspondant aux critères - âgée entre 18 et 43 ans - et pour lesquelles les imageries ne montrent pas de signes d'endométriose malgré les symptômes concordants, sont éligibles", dit-il.
"Dès que nous aurons les résultats concernant ces patientes, la Haute autorité de santé donnera un avis définitif qui permettra de mettre en avant le bien-fondé du test et, derrière, une prise en charge pour toutes les femmes de notre pays", a indiqué la ministre de la Santé, Catherine Vautrin.
- 15 jours pour établir le diagnostic -
Ce test, dont l'étude est baptisée "Endobest", permet de détecter des microARN spécifiques de l'endométriose dans la salive. Une fois l'échantillon prélevé, "il suffit de l'envoyer au laboratoire situé vers Bordeaux, seul habilité à le faire", explique Norbet Nabet.
"Un conservateur présent dans le tube permet de stabiliser la salive plusieurs semaines durant le voyage depuis La Réunion", dit-il.
Le séquençage de l'échantillon de salive permet d'obtenir des résultats en une quinzaine de jours. Et ce alors qu'en moyenne le délai pour un diagnostic est de sept ans.
Un "test fiable à 95-97%", ajoute-t-il. "Si la patiente n'a pas d'endométriose le test sera négatif dans 100% des cas", poursuit la Docteur Tran Phuong Lien.
- Un test facile, non invasif et rapide -
"Ce test changerait la vie et la prise en charge sur l'île pour les patientes qui présentent de fortes suspicions cliniques d'endométriose, avec des symptômes, mais dont l'imagerie ne permet pas de poser un diagnostic", lance Lindy Durand, présidente de l'association Mon Endométriose, ma souffrance.
"Ce test est très intéressant car il permettra un diagnostic par un test facile, non invasif et rapide", souligne Julie Eggermont, gynécologue-obstétricienne au CHU Nord.
"Il sera très utile chez les patientes pour qui les douleurs de règles sont fortes et qui restent dans le flou car elles ont eu une imagerie normale ou peu contributive", ajoute-t-elle.
Pour ces patientes, "il est parfois nécessaire de faire une coelioscopie – une opération chirurgicale -, pour poser le diagnostic avec certitude, les lésions étant de très petite taille", ajoute-t-elle.
Actuellement, le diagnostic reste long à poser - sept ans en moyenne -, "car le symptôme principal est la douleur forte pendant les règles et qu'il y a eu longtemps l'idée qu'il était normal d'avoir mal pendant les règles", note le docteur Julie Eggermont.
"On peut avoir des douleurs de règles sans endométriose, mais si ces douleurs sont très intenses et ne passent pas avec des antidouleurs simples, il faut penser à cette pathologie", ajoute-t-elle.
- Une femme sur dix touchée à La Réunion -
À La Réunion, "on estime à une femme sur 10 en âge de procréer, touchée par l'endométriose", indique le Docteur Julie Eggermont.
Selon l'ORS 3.961 femmes à la Réunion vivent avec de l'endométriose entre 2011 et 2017.
Dans l'île, "il y a une prévalence plus importante de l'endométriose, potentiellement en lien avec les perturbateurs endocriniens ou encore les violences physiques et sexuelles mais pas que…", explique le Docteur Tran Phuong Lien. Selon une étude, "les abus sexuels et physiques subis dans l’enfance ont été associés à un risque accru d’endométriose. Des études ont montré que les violences physiques et sexuelles étaient associées à la douleur pelvienne chronique (DPC)".
Pour Lindy Durand, même si ce test est une véritable avancée, "il y a encore un travail à faire en termes de sensibilisation car lorsque l'on est atteint d'endométriose à un stade avancé, on est souvent malade et en arrêt de travail. Cette maladie est encore peu comprise".
Si vous souhaitez contacter l'association, voici le numéro : 06 93 90 17 20.
Source : https://imazpress.com/