Épidémie de chikungunya à La Réunion : les autorités recommandent de vacciner au plus vite les personnes âgées et fragiles.
Alors que l’île a enregistré plus de 3200 cas depuis le début de l’année, la Haute Autorité de Santé préconise d’utiliser de manière ciblée le seul et unique vaccin contre cette maladie, disponible depuis fin 2024.
Depuis quelques semaines, l’île de La Réunion connaît une forte flambée de cas de chikungunya, une maladie virale transmise par les moustiques tigres. Face à cette épidémie, le ministère de la Santé envisage d’organiser une campagne de vaccination gratuite, selon France Info . Un peu plus tôt, ce mercredi 5 mars la Haute Autorité de Santé (HAS) avait rendu en urgence ses recommandations vaccinales.
Parce que l’âge est le principal facteur de gravité et «au vu du nombre de doses mobilisables à court et moyen terme», les personnes qui pourront être vaccinées en priorité sont celles âgées de 65 ans et plus, selon la HAS. Les adultes souffrant de maladies préexistantes ainsi que les professionnels de la démoustication sont également éligibles.
1300 cas en une semaine
Depuis le début de l’année, 3245 cas de chikungunya ont été signalés à La Réunion, dont 1300 pour la seule semaine du 17 février, selon l’Agence régionale de Santé (ARS). Après le passage du cyclone Garance le 28 février, les autorités craignent que la situation s’aggrave. «Les fortes pluies engendrées par le passage du cyclone, associées à la chaleur, sont des conditions plus favorables au développement des moustiques, vecteurs des arboviroses», souligne l’ARS. Les habitants sont donc incités à vider tout ce qui peut favoriser la stagnation de l’eau (soucoupes, piscines gonflables, gouttières, citernes, déchets verts, encombrants...) et à se protéger contre les piqûres de moustiques.
Des formes chroniques invalidantes
Sauf rares exceptions, le chikungunya n’est pas une maladie mortelle. D’ailleurs, aucun décès n’a pour le moment été enregistré dans le département d’Outre-mer. Dans les trois-quarts des cas, l’infection se manifeste par une fièvre brutale, accompagnée de douleurs musculaires et articulaires intenses suivie d’une grande fatigue. La guérison survient généralement sous quelques jours.
Mais pour plus d’un tiers des patients, la maladie va évoluer vers une forme chronique, avec des douleurs articulaires pouvant être très invalidantes. C’est même de là que la maladie tire son nom : « chikungunya » est dérivé d’un mot de la langue kimakonde (parlée en Tanzanie et au Mozambique) qui signifie « se déformer ». En outre, chez les personnes fragiles, le chikungunya peut entraîner des complications neurologiques, musculaires, cardiovasculaires ou la décompensation d’une maladie chronique préexistante. C’est donc un vrai problème de santé publique.
Un premier vaccin, disponible depuis fin 2024
À ce jour, il n’existe pas de traitement curatif pour le chikungunya. Mais depuis novembre 2024, une nouvelle arme est arrivée dans l’arsenal de lutte contre cette maladie. C’est en effet à cette période que «Ixchiq», le tout premier vaccin immunisant contre ce virus a fait son apparition en France, après avoir obtenu le feu vert des autorités européennes en novembre 2023. Jusqu’à maintenant, ce vaccin commercialisé par le laboratoire franco-autrichien Valneva n’est pas pris en charge par l’Assurance maladie. Le vaccin est administré en une dose unique dans le muscle de l’épaule. Il contient une version atténuée du virus chikungunya qui empêche le «vrai» virus de se multiplier.
S’il n’existe pas encore de données d’efficacité en vie réelle, le vaccin a été évalué à travers deux études impliquant environ 4500 adultes. Un mois après l’injection, près de 99 % des personnes ayant reçu Ixchiq avaient atteint le niveau d’immunité visé, contre aucune des personnes ayant reçu le vaccin placebo. Par la suite, les études ont montré que le taux d’anticorps était maintenu chez 97 % des personnes vaccinées deux ans après la vaccination. La Haute autorité de Santé ne le recommande pas chez les femmes enceintes ni chez les personnes immunodéprimées.
Jusqu’à maintenant, il n’existait pas de recommandations particulières concernant ce vaccin. Mais le nouvel avis de la HAS publié le 5 mars vient poser un cadre. D’après France Info, le vaccin - dont le coût s’élève à 250 euros - pourrait être entièrement pris en charge par l’Assurance maladie dans le cadre de la campagne vaccinale à La Réunion. Le vaccin est aussi conseillé aux voyageurs de plus de 18 ans qui s’apprêtent à se rendre dans des zones où le virus est endémique (mais le coût est à leur charge). Une vingtaine de pays sont concernés, en particulier le Brésil, l’Inde, le Pakistan et le Paraguay, ou encore la Thaïlande et l’Argentine.
Source : https://sante.lefigaro.fr/