Chikungunya : trop tôt pour pour donner une date de pic épidémique, selon Santé Publique France.
Alors que le chikungunya continue de frapper La Réunion, la notion de "pic épidémique" a disparu du dernier bulletin de Santé Publique France (SPF). L’Agence régionale de santé (ARS) disait attendre pour la mi avril ce stade, synonyme de décrue de l’épidémie. Pour sa part, SPF parle plutôt de stabilisation et d’une épidémie qui atteint "un plateau".
Pour Santé publique France (SPF), interrogé par Imaz Press Réunion, "on ne peut pas parler de pic franchi actuellement". "On est sur une courbe en plateau. C'est pour cela que l'on dit que l'épidémie s'est stabilisée dans l'île", explique Fabien Thouillot, délégué régional de SPF.
"On a certes une baisse de l'activité dans le sud, mais une augmentation dans l'est et le nord, ça se compense donc", souligne-t-il.
Selon ce dernier, "on ne peut pas parler de pic quand on voit les courbes, elles n'ont pas la forme descendante". "Le nombre de cas confirmés n'est plus pertinent aujourd'hui", ajoute-t-il.
SPF explique que cette notion de pic "avait été intégrée dans les communiqués après communication de l'ARS sur un pic franchi". "Nous, on avait mis une notion de prudence", note Fabien Thouillot. "Mais l'épidémie se maintient. On a suivi les propos du directeur de l'ARS pour avoir des propos cohérents, mais aussi modérés sur l'affirmation d'un pic épidémique."
Pour autant, les chiffres de Santé Publique France "sont les chiffres de référence". Et montrent uniquement une stabilisation.
Interrogée, l'ARS nous a uniquement répondu avec un copier-coller du dernier bulletin publié. Ne répondant donc aucunement à nos questions : le pic épidémique est-il passé, et un autre pic peut-il avoir lieu ?
- L'hiver austral en approche –
Si l'été joue les prolongations, l'hiver austral approche tout de même. "On sait qu'entre l'été et l'hiver, la densité vectorielle va être divisée par 10", rappelle Fabien Thouillot.
Dans les semaines à venir, il va donc y avoir "une baisse à la faveur de l'hiver austral", mais "rien ne dit qu'on n'aura pas une deuxième vague lorsque l'été austral reviendra", dit-il.
Comme cela avait été le cas pour l'épidémie de 2005 et 2006. "Il y avait eu une première vague, plus faible, et une vague majeure en 2006", souligne le directeur régional de SPF. "Et je pense qu'il faut avoir à l'esprit qu'annoncer des pics, c'est dangereux. Là, on apprend en marchant. Il faut être humble vis-à-vis de tout cela", insiste-t-il.
"Nous, on fait des exercices de modélisation avec plusieurs scénarii qui ressortent, mais on ne sait pas lequel privilégié", précise Fabien Thouillot.
Il faut donc "se contenter des indicateurs et être prudent par rapport à des annonces de pic ou de décroissance".
- Neuf décès -
L'épidémie continue son chemin dans l'île en attendant. Trois décès supplémentaires en lien avec le chikungunya ont été confirmés entre le 7 et 13 avril 2025 chez des personnes de plus de 70 ans porteuses de comorbidités. Au total, neuf décès ont été confirmés entre le 10 mars et le 13 avril. Neuf autres décès sont également en cours d’investigation, dont le décès néonatal annoncé ce mardi par le directeur de l'ARS.
Gérard Cotellon, directeur général de l'ARS, a en effet annoncé ce qu'un nourrisson est décédé des suites du chikungunya. Un décès qui est donc toujours en cours d’investigation.
4.304 nouveaux cas ont par ailleurs été confirmés sur la semaine 15. Depuis le début de l’année 2025, ce sont plus de 39 000 cas confirmés de chikungunya autochtones qui ont été signalés à la Réunion.
Ces chiffres "suggèrent une diminution du nombre de cas confirmés, cependant, cette interprétation doit être nuancée, car la confirmation biologique systématique des cas suspects pourrait avoir été interrompue, notamment dans les zones de forte circulation de la maladie", rappelle SPF.
De plus, "le délai actuel dans la consolidation des données, dû à la masse de signaux à traiter, doit également être pris en compte et les données de la S15 ne sont pas consolidées".
Selon, Gérard Cotellon, directeur de l'Agence régionale de santé, plus de 100.000 Réunionnais auraient été touchés par le virus.
Face à l’intensification de l’épidémie de chikungunya, l'État a décidé de mobiliser 120 militaires du régiment de service militaire adapté (RSMA) des forces armées de la zone sud océan Indien (FAZSOI). "S’agissant des moyens humains de lutte anti-vectorielle, nous avons accueilli avec satisfaction la mobilisation récente de l’armée, suite aux demandes que nous avons exprimées", écrit Huguette Bello.
Les autorités de santé ont élargi la campagne de gratuité du vaccin aux personnes âgées de plus de 65 ans et aux plus de 18 ans présentant des comorbidités (hypertension artérielle, diabète, maladies cardiovasculaires, respiratoires, rénales, hépatiques et neurovasculaires).
Pour rappel, c'est la deuxième fois en 20 ans que La Réunion est frappée par le chikyngunya. Entre 2005 et 2006, le virus avait contaminé 260.000 personnes, soit un tiers de la population de l'île, et tué 225 malades.
Source : https://imazpress.com/