Vaccin Ixchik : six cas graves avaient déjà été signalés aux États-Unis.
En réponse au retrait des personnes de plus de 65 ans de la cible vaccinale, le fabricant du vaccin Ixchik estime qu’aucun élément ne permet d’établir pour l’heure un lien direct entre un décès et le vaccin. Pourtant, pas l’avis émis par les autorités sanitaires françaises. Aux États-Unis, une recommandation de « précaution » avait déjà été lancée dès le 16 avril.
La réponse ne s’est pas fait attendre. Dans la foulée de l’annonce samedi par l’ARS du retrait « sans délai » de la cible vaccinale des personnes âgées de plus de 65 ans à la suite de trois « événements indésirables graves », dont un décès, survenus « à la suite d’une vaccination avec le vaccin Ixchik de Valneva », le fabricant a rapidement publié un communiqué sur son site, relayé par Réunion La 1ère.
Dans ce dernier, le fabricant évoque d’abord une suspension « dans l'attente d'un complément d'informations ». Il précise également que « les trois personnes hospitalisées étaient âgées de plus de 80 ans et présentaient des comorbidités préexistantes ».
Il se défend et déclare que pour l’heure « le lien de causalité n'a pas été définitivement établi » entre ces cas graves et le vaccin. Il en prend pour preuve que la Haute Autorité de santé (HAS) maintient sa recommandation pour les personnes âgées de 18 à 64 ans.
50.000 vaccins de plus pour La Réunion ?
Valneva dit travailler « activement de concert avec les autorités réglementaires sur les prochaines étapes » et chiffre à 40 000 le nombre de doses fournies à La Réunion. Bientôt plus, le fabricant a affirmé le 18 avril dernier avoir reçu la confirmation de l'ARS pour une commande de 50 000 doses supplémentaires. Il encourage les professionnels de santé « à évaluer le bénéfice/risque de la vaccination en fonction des antécédents médicaux de chaque personne, pendant que nous travaillons sur une mise à jour potentielle de l'indication du produit. »
Un lien « très vraisemblable »
Pour les autorités sanitaires, le lien semble pourtant bien établi. Dans un avis publié vendredi, la HAS évoque un lien de causalité « très vraisemblable » pour deux cas d'EIG neurologiques – événements indésirables graves – citant des éléments remontés par l’ANSM (Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé). Celle-ci se base sur le « délai d’apparition des symptômes après la vaccination, des symptômes présentés par les patients » et la « mise en évidence du virus vaccinal par PCR dans les prélèvements biologiques des patients ».
Pour rappel, le président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF), Philippe Besset, a appelé de son côté sur les ondes de Franceinfo à « suspendre totalement » la vaccination contre le chikungunya, « le temps de l’investigation ». Le pharmacien juge dans le même temps le vaccin « sûr, mais on ne doit pas avoir de doutes ».
Déjà une alerte aux États-Unis
Les données de pharmacovigilance transmises par l’ANSM vendredi identifiaient « 15 cas d’effets indésirables » dans la base nationale de pharmacovigilance, « dont trois EIG ». Parmi eux, « deux EIG avaient des tableaux neurologiques sévères ayant amené dans un cas à un décès. Ces cas sont à rapprocher des tableaux neurologiques rapportés par le Centre pour le contrôle et la prévention des maladies américain (CDC) ».
Une référence à une « recommandation de précaution » émise dès le 16 avril par le Comité consultatif américain sur les pratiques d'immunisation (ACIP) à la suite de l’observation de « six cas d’effets indésirables graves (EIG) dont cinq hospitalisations pour des manifestations cardiaques ou neurologiques survenues à la suite de la vaccination par IXCHIQ chez des personnes âgées de plus de 65 ans (67 à 86 ans, NDLR), qui sont toujours en cours d’investigation ». Des éléments publiés par la HAS dans sa publication de vendredi.
L'ACIP a voté en conséquence une recommandation de précaution concernant l'utilisation du vaccin chez les personnes âgées de 65 ans et plus.
Une défense identique
« Ces EIG ont été signalés par le biais du Vaccine Adverse Event Reporting System (VAERS), qui est destiné à servir de système d'alerte précoce pour identifier les problèmes de sécurité potentiels, mais qui ne permet généralement pas de déterminer si les effets indésirables sont causés par un vaccin », s’était déjà défendu le fabricant en réponse.
Et de mettre déjà en avant que « toutes les personnes hospitalisées présentaient des comorbidités préexistantes (…) l'ACIP a conclu que, bien que plausible, aucun lien de causalité avec Ixchik n'avait pu être établi pour tous les cas et qu'une enquête plus approfondie était nécessaire ».
Un discours et des informations qui ont cependant peu de chance de restaurer la confiance entre une partie grandissante de la population et les autorités sanitaires.
De surcroît envers le vaccin Ixchik, dont les autorités sanitaires encouragent toujours le recours pour les personnes âgées de 18 à 64 ans présentant des comorbidités.
Source : https://www.zinfos974.com/