Le 10 décembre prochain, le H135 T3H de l'hélismur mis en œuvre par Hélilagon prendra sa première astreinte. "Avoir un hélicoptère sanitaire dédié va permettre d'éviter des situations critiques notamment pour 150 000 Réunionnais situés à plus de 30 minutes d'un site d'urgence", souligne le professeur Xavier Combes, responsable du SAMU 974.
"Personne à moins de trente minutes des urgences". À La Réunion, cette promesse de François Hollande se révélait par la route mission quasi-impossible à remplir pour le SMUR.
Le dossier d'un hélismur local aura mis du temps à sortir des cartons. En février 2014, lors d'une visite dans notre île, Marisol Touraine, ministre de la Santé, évoquait déjà la nécessité d'un Hélismur à la Réunion. En octobre 2017, Agnès Buzyn, nouvelle ministre de la Santé, relançait le projet.
"Lorsque l'appel d'offres a été lancé, nous n'avons pas hésité", indique Eneas Lima, directeur général délégué d'Hélilagon. En novembre 2016, Jean-Marie Lavaivre avait vendu Hélilagon à SAF Groupe dont l'une des composantes a jeté les bases du Secours aérien français (SAF) en Savoie. Depuis 1997, Hélilagon effectue des missions pour le SMUR mais en utilisant l'un de ses trois Ecureuil qui effectuent par ailleurs des missions de travail aérien ou de survol touristique.
Pour l'hélismur le choix s'est porté sur un H135 T3H biturbine. Construit en Allemagne, il a été réceptionné à Albertville par SAF Hélicoptères puis envoyé en Suisse pour y recevoir son aménagement médicalisé installé à demeure.
"Avoir un hélicoptère sanitaire dédié va permettre d'éviter des situations critiques notamment pour 150 000 Réunionnais situés à plus de 30 minutes d'un site d'urgence, souligne le professeur Xavier Combes, responsable du SAMU 974. Si la coopération avec le PGHM n'est pas remise en cause, notamment pour des situations d'urgence spécifiques en haute montagne, elle ne sera plus utile pour des situations purement sanitaires comme le transfert des patients sur site comme dans le Nord, en cas de problème cardiologique, ou dans le sud, au pôle neurologie. Sur l'année, on parle de quelque 800 transferts par la route et près de 500 actions héliportées. C'est un engagement très fort. Les Réunionnais auront une égalité de chance face aux soins. Le succès de la thérapie c'est de mettre le plus rapidement possible le patient entre les mains du spécialiste. La finalité c'est l'amélioration de la prise en charge des patients réunionnais."
Une fois installés à l'intérieur de l'hélicoptère, le médecin et l'infirmier se retrouvent dans un environnement proche de celui d'une ambulance classique du SMUR. Les quatre services d'urgence de l'île sont impliqués dans la mise en œuvre de cet hélicoptère. Le centre de régulation du SMUR décide de l'utilisation ou non. Les personnels qui vont travailler dans l'hélismur travaillent au quotidien dans les services d'urgence. Les infirmiers seront basés au CHU de Bellepierre. Les médecins seront des médecins urgentistes des quatre services d'urgence de l'île. Tous les jours un médecin et un infirmier seront mobilisés sur l'hélismur. L'hélicoptère basé à Gillot récupérera au CHU le médecin et l'infirmier. Le H135 T3H sera exclusivement réservé à un service sanitaire : soit pour déplacer une équipe médicale sur le lieu d’intervention (transport primaire), pour la prise en charge de personnes en situations critiques (ex : AVC, attaques cardiaques...) ; soit pour un transfert inter hospitalier vers un établissement adapté au besoin du patient (transport secondaire). Le cahier des charges prévoit que cinq minutes après le lancement de l'alerte l'hélicoptère soit positionné sur le toit du CHU de Bellepierre pour embarquer l'équipe d'urgentistes et réaliser l'intervention.
Trois pilotes ont été formés. Un quatrième le sera l'année prochaine puis un cinquième. A cela s'ajoute trois assistants de vol. Jeremy Chigard est un des trois pilotes formés sur l'H135 T3H. "Je suis depuis cinq ans sur l'île J'ai travaillé pour Corail Hélicoptères et en septembre dernier, j'ai intégré Hélilagon. La qualification de type sur l'H135 T3H a duré trois semaines. Tant qu'il a de la place pour poser les patins, on peut se poser n'importe où. Notre limite, ce sont les obstacles et les dévers. Le 10 décembre, nous prendrons la première astreinte. On tournera sur une base d'astreinte de sept jours de 7h à 19h. On pourra être amené à voler de nuit".
Le H135 T3H appartient à Hélilagon. Elle représente un investissement de 4,6 millions d'euros. Helilagon a un contrat annuel pour les frais fixes avec une prime mensuelle en fonction du nombre d'heures de vol effectué. "L'an prochain, nous allons acquérir deux nouveaux appareils H130 et un troisième en 2020 pour moderniser notre flotte, indique Eneas Lima. Nous allons également modifier les trajectoires d'accès à l'hélistation de l'Eperon dès cette année afin de limiter les nuisances sonores".
Source : Clicanoo Alain Dupuis photo ludovic Lai-yu
