"La démographie médicale reste une préoccupation de l'ARS"
"Même si la démographie médicale est en tendance favorable, comparativement à la métropole, elle reste notre préoccupation afin de mieux répondre aux besoins de soins de la population", affirme l'ARS.
L'ARS affirme que des actions sont mises en œuvre pour les médecins. Ainsi, une action de long cours a consisté dans la mise en place d’un CHU à La Réunion, en lien avec l’université, permettant la formation sur place des médecins généralistes et spécialistes, en pariant sur leur installation dans la région au terme de leurs études. De nouvelles spécialités médicales sont en cours d’universitarisation, pour être formées sur place, et étendre ainsi la palette des spécialités médicales.
Plusieurs actions sont également engagées par l'ARS-OI pour favoriser l’installation et l’exercice des médecins à La Réunion. Les voici :
- Promotion de l’exercice libéral et de l’exercice pluri-professionnel :
Depuis 2011, 10 Maisons de santé pluridisciplinaires (MSP) sont en fonctionnement à La Réunion portant sur les thématiques d’accès aux soins dans les spécialités médicales présentant une faible densité médicale (ophtalmologie et gynécologie) et le suivi de parcours complexe de patients diabétiques.
Trois MSP sont actuellement en cours de formalisation : à la Possession, à Cilaos et à Saint-Philippe.
Cette organisation permet aux médecins libéraux d’exercer en équipe, répondant aux aspirations d’un exercice collectif et au besoin de coordination des professionnels de santé autour du patient.
- Mise en place des communautés professionnelles territoriales de santé (CPTS) :
Ces nouvelles organisations des professionnels libéraux, sur un territoire déterminé, permettent de favoriser la coordination entre médecins et paramédicaux, de renforcer l’accès aux médecins traitants, mais aussi aux médecins spécialistes, et là encore de faciliter l’exercice des praticiens.
Trois projets expérimentaux sont soutenus fin 2018 par l’ARS ; à terme, l’ensemble de La Réunion sera couverte par des CPTS.
- Développement de la coopération professionnelle :
Des protocoles de coopérations permettent de confier à des professionnels de santé la réalisation d’actes, sous la supervision d’un médecin, favorisant ainsi l’accès aux soins et libérant du temps médical sur les prises en charge les plus exigeantes du point de vue clinique. Ces protocoles doivent être au préalable validés par la Haute autorité de santé, pour s’assurer que la sécurité et la qualité des soins sont garanties.
Il s’agit notamment de la coopération ophtalmologistes/orthoptistes, déléguant à ces derniers le renouvellement des corrections optiques chez l’adulte de 16 à 50 ans et chez l’enfant de 6 à 15ans.
D’autres protocoles seront amenés à être étendus à La Réunion, ou à être élaborés régionalement, avec les professionnels de santé en activité et volontaires.
- Mobilisation des outils numériques :
Le numérique en santé offre l’opportunité de disposer d’outils de partage d’information entre les professionnels autour d’un même patient, facilitant ainsi la coordination des interventions et le recours mutuels, et limitant le temps "administratif" pour chaque professionnel.
Ces outils facilitent aussi le parcours de santé du patient et son accès aux soins. L’ARS océan Indien s’est engagée ainsi dans la mise en place d’un dossier numérique de coordination et soutient également des projets de télémédecine, comme le projet Gécoplaie, permettant à un infirmier ou un médecin généraliste de disposer à distance d’une expertise pour la prise en charge, à domicile, des plaies complexes.
- Appui à la coordination des parcours :
L’ARS a promu une plateforme territoriale d’appui aux parcours complexes, permettant à chaque professionnel de santé, en accord avec son patient, de disposer d’outils de communication avec d’autres professionnels nécessaires à la bonne prise en charge, mais aussi de faire appel à des personnes dédiées à la recherche des bons intervenants et aux règlements des difficultés médico-sociales rencontrées par les patients.
Il s’agit là encore de solution facilitant l’exercice médical, au service d’une meilleure continuité de soins auprès des patients.
Des aides de l’Assurance maladie sont aussi mobilisables pour encourager et faciliter l’installation de médecins dans les zones fragiles.
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Les syndicats réagissent
CSMF Réunion : "Les solutions existent"
Face à cette pénurie de spécialistes, CSMF Réunion - par les voix du Dr Christine Kowalczik, sa présidente et du docteur Vassas - affirme que les solutions existent. Solutions qu'ils défendent depuis plusieurs années.
Les voici :
1/ Faciliter les formations d'internes de spécialités au sein de structures privées et de cabinets de spécialités ;
2/ Aider et guider les jeunes spécialistes vers les cabinets et structures privés ;
3/ Prendre en compte les surcoûts de la pratique médicale spécialisée à la Réunion en indexant les actes techniques comme le sont les consultations soit 20 % à La Réunion.
"Ces mesures de bon sens permettront d'améliorer l'attractivité de La Réunion pour la médecine spécialisée, avec un coût modéré au regard des dépenses de santé à La Réunion et permettront de compenser ce déficit de spécialiste qui a un effet délétère sur la qualité des soins aux Réunionnais", affirment-ils.
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La FMF Réunion : "Il est trop tard pour engager des réformes"
Par la voix du Dr Philippe de Chazournes, la FMF Réunion affirme "qu'elle ne comprend plus toutes ces reformes de santé qui se succèdent les unes après les autres" sans prendre en compte la réalité du terrain et les véritables demandes, aussi bien des médecins que des patients. À chaque ministre, sa reforme, et sans attendre les éventuels effets bénéfique ou non de celle de son prédécesseur. En attendant, la médecine à la Française, individuelle, humaine et de proximité, s'effrite tous les jours un peu plus malgré les maintes alertes des professionnels de santé depuis des années.
Le statut de libéral est très inconfortable (pas de compensations financières en cas d'arrêt maladie ou de travail avant le 91e jour, une retraite totalement illusoire, pas de remplaçants, pas de successeurs) avec une population qui vieilli et nécessitant donc de plus en plus de soins. Quand on compare avec les autres pays, les honoraires actuels des médecins sont sans aucune mesure, en rapport avec leurs compétences, expériences et responsabilités ; la médecine salariée, notamment en cas de mi-temps ou de tiers temps (de plus en plus prisés) est beaucoup plus attirante que la médecine de ville, en raison notamment de ses multiples charges financières, administratives et contraintes.
Par ailleurs, les médecins à spécialités techniques, confrontés à une non indexation géographique des actes, fait qu'un même acte fait en métropole sera coté de la même façon à La Réunion, alors que le matériel utilisé ici est beaucoup plus cher, notamment en rapport avec les nombreuses taxes locales.
Ainsi, la médecine libérale n'existera plus dans quelques années. Le mal est fait et il est bien trop tard pour engager de vraies reformes permettant d'inciter les jeunes confrères à s'installer.
Source : https://www.clicanoo.re