Décès de personnes vaccinées le vaccin limite les risques mais ne rend pas immortel.
A ce stade, 13 patients sont décédés du Covid-19 alors qu'ils avaient commencé un processus de vaccination. Huit d'entre eux n'avaient pas de schéma vaccinal complet, les cinq autres avaient terminé. Un chiffre qui ne manque pas de faire réagir certains habitants, qui remettent en cause l'efficacité du vaccin. Mais la plupart des médecins insistent : les personnes décédées bien que vaccinées étaient âgées et souffraient de fortes comorbidités. Un critère qui, s'il est répété en boucle par l'agence régionale de santé (ARS), a malgré tout son importance. Car les patients jeunes décédés, eux, n'avaient pas de schéma vaccinal complet.
Le bilan fourni par les autorités sanitaires ce mardi en a interpellé plus d'une : sur 13 personnes atteintes du Covid-19 et décédées, 12 étaient en partie vaccinées. Dans le détail, "8 ne disposaient pas d’un schéma vaccinal complet et 4 personnes présentaient un schéma vaccinal complet ainsi que de fortes comorbidités" indique alors l'ARS. Dans le cas présent, les personnes entièrement vaccinées représentent quasiment un tiers des décès recensés dans la semaine.
- Des patients très âgés
L'âge est un indicateur important dans le suivi d'une crise sanitaire. Interrogé au sujet de ces patients décédés bien que vaccinés, le docteur Reuben Veerapen, président des médecins spécialistes à l'Union des médecins libéraux de La Réunion, rappelle que les personnes décédées à ce jour étaient "très âgées". Pour les quatre concernées la semaine passées, elles avaient entre 76 et 86 ans, indique l'ARS.
"C'est une tranche d'âge touchée par l'immunosénescence : le système immunitaire vieillit et nous produisons alors moins d'anticorps" ajoute le médecin. Même vaccinée, une personne âgée aura donc plus de mal à se défendre contre le virus.
Ce sont pourtant ces personnes que le gouvernement a décidé de faire vacciner en priorité en 2020. Une "décision politique pour protéger les plus fragiles" estime Reuben Veerapen. "Il y avait deux solutions : vacciner d'abord les plus âgés et les plus fragiles pour éviter au mieux les décès, ou vacciner les plus jeunes pour sauver l'économie et limiter les contaminations. C'est la première option qui a été choisie. Idéalement il aurait fallu vacciner les plus jeunes et confiner les plus âgés. On aurait alors eu une réponse très forte, mais cela aurait été difficile à mettre en place."
- De lourdes comorbidités
Contactée, l'ARS n'a pas été en mesure de nous donner de détails concernant les comorbidités dont souffraient ces malades, "pour des raisons de confidentialité et de secret médical". Mais l'agence le précise : les 13 décès recensés à ce jour de patients partiellement ou entièrement vaccinés (un le 27 juillet et 12 ce mardi 3 août) concernent des personnes qui souffraient de comorbidités.
L'obésité, l'hypertension, le diabète… Des maladies graves qui rendent ces patients "plus vulnérables face au virus", a déjà précisé Martine Ladoucette, directrice de l'ARS, lors de son allocution jeudi dernier.
Et comme le rappelle Reuben Veerapen, "le virus ne rend pas immortel". Même totalement vaccinée, une personne gravement malade peut contracter le Covid-19 et en mourir car elle est très affaiblie par sa comorbidité. Dans le cas des quatre décès recensés ce mardi, les patients étaient à la fois âgés et atteints de comorbidités.
- L'impact du variant indéniable
Autre critère à prendre en compte et pas des moindre : la présence du variant Delta, désormais majoritaire à La Réunion. Particulièrement contagieux, il rend aussi le travail du vaccin plus coriace. "Le vaccin anti Covid protège à 88% du virus et limite les formes graves" indique Reuben Veerapen. Considérée jusqu'ici à hauteur de 90-95%, la protection contre le virus a légèrement baissé après l'introduction de ce variant. A savoir qu'après la première dose du vaccin (pour ceux à deux injections), nous ne sommes protégés qu'à 31-35%.
"88% c'est déjà énorme par rapport à d'autres vaccins comme celui contre la grippe dont l'efficacité peut varier d'une année à l'autre selon les types de virus grippaux qui circulent" ajoute le médecin. Pour la grippe la protection varie en effet autour des 50%.
Ainsi le niveau de protection du vaccin est déjà très élevé alors que le variant Delta fait monter rapidement les cas positifs. Et pour celles et ceux qui estiment que la hausse des contaminations suit curieusement celle des vaccinations, le docteur met fin aux interprétations douteuses : "moins de 30% de Réunionnais entièrement vaccinés, cela ne suffit pas pour bloquer les chaînes de contaminations". Et pourtant il faut se préparer : le virus va très certainement continuer à muter et créer de nouvelles variantes.
- Les jeunes vaccinés ne décèdent pas
Ce qu'observe le médecin comme de nombreux autres professionnels de santé, c'est que les décès ne concernent pour l'instant pas les jeunes vaccinés. "Les jeunes patients (50-60 ans, ndlr) qui meurent du Covid-19 n'ont pas de schéma vaccinal complet. Les patients vaccinés qui meurent du Covid-19 sont des personnes âgées" résume-t-il.
Quant à ces patients hélas décédés, il ne faut pas oublier qu'ils ont été contaminés en premier lieu. A un moment donné, quelqu'un dans leur entourage leur a transmis le virus. Pour la communauté médicale, le vaccin reste la seule solution viable pour lutter contre cette pandémie. "Ce que l'on a aujourd'hui c'est une épidémie de non vaccinés" observe Reuben Veerapen.
- Le vaccin protège des formes graves
Si le vaccin n'empêche pas, a fortiori, de décéder lorsque l'on souffre de lourdes pathologies, il limite grandement les risques. Ainsi Reuben Veerapen répond à celles et ceux qui auraient peur de faire vacciner leurs aïeux, si ceux-ci sont fragiles. "Mieux vaut être malade et vacciné que pas vacciné du tout. Cela permet toujours de limiter les risques."
Le vaccin ne protège pas à 100%, faut-il alors rappeler aux plus sceptiques, mais il divise par 12 le risque d'être contaminé et protège à plus de 80% des formes graves, entre 80 et 90% selon les nombreuses études publiées à ce jour.
L'ARS de son côté nous rappelle les chiffres nationaux : "du 31 mai au 11 juillet 2021, 78% des décès pour Covid et 85% des admissions en réanimation ne disposaient pas d’un schéma vaccinal complet selon une étude de la Drees. Ce qui démontre a contrario une efficacité globale et déjà très satisfaisante des vaccins à disposition dès lors que les deux doses ont été administrées".
Source : https://www.ipreunion.com/ / MM / Photo RB